Harold Rhéaume : Dix sur dix
Année boulimique pour le chorégraphe et danseur Harold Rhéaume, dont qui les affaires tournent rondement. Entre la reprise de ses précédents spectacles et la création de sa dernière ouvre, Les Dix Commandements, il monte sur la scène pour le spectacle Discordantia de Danièle Desnoyers et pour Picture Show, un spectacle de danse et de vidéo récemment présenté à Tangente. Voilà qu’il y a deux ans, il remportait le réputé prix Jacqueline-Lemieux, réservé à un jeune espoir de la danse contemporaine.
Décidément, la vie est bonne pour cet artiste originaire de Québec qui remerciait le bon Dieu, il n’y pas si longtemps, d’être engagé dans des productions montréalaises. «Quand on vient d’une autre ville, c’est toujours plus long de démarrer une carrière à Montréal», dit-il. En l’espace de trois ans, les propositions pour danser comme pour créer se sont mises à se bousculer sur son répondeur téléphonique. C’est que le danseur a du talent à revendre. Mais, malheureusement pour les chorégraphes, la création l’attire diablement. «L’année dernière, j’avais décidé de ne danser que pour Danièle [Desnoyers]. Je me suis aperçu par la suite qu’un seul projet prenait encore trop de mon temps. C’est pourquoi j’ai décliné son offre de faire partie de son prochain spectacle.»
Cette décision, Harold Rhéaume y a longtemps réfléchi. Cet amoureux des envolées de Fred Astaire, qui a passé par le chemin du théâtre avant d’aboutir en danse, adore faire siens les mouvements des autres. Le problème, c’est que lorsqu’il enfile des chaussures de chorégraphe, il a dû mal à se défaire de ce que son corps a mémorisé. Et c’est connu, tout créateur qui se respecte cherche à se démarquer de ses collègues. Harold Rhéaume ne fait pas exception à la règle. «En studio, je demande aux danseurs de m’indiquer les mouvements qu’ils ont vus ailleurs.»
Pourtant, la gestuelle des chorégraphes avec lesquels il a dansé (Sylvain Émard, Hélène Blackburn ou Louise Bédard) ne trouve presque pas écho chez lui. Leur travail est beaucoup trop abstrait à ses yeux. «J’essaie de créer une danse à la fois physique, humaine, sensible, cinématographique, théâtrale et proche de la performance. Je veux que mes personnages puissent signifier quelque chose aux spectateurs, qu’ils provoquent chez eux la chair de poule.»
Dans le cadre des Dix Commandements, Harold Rhéaume signe dix solos pour dix interprètes. «C’est dans le solo que l’essence de mon travail émerge le plus. Ce que j’aime de cette formule, c’est le rapport privilégié avec l’interprète.» Il y avait un bon moment que le chorégraphe souhaitait explorer les valeurs humaines, le thème central de sa pièce. «Le premier déclic s’est fait lorsque j’ai vu le film Trainspotting. La scène de la découverte d’un nourrisson qui venait de mourir pendant que ses parents se droguaient dans la pièce voisine m’avait indigné. Je suis longtemps resté sur cette impression.»
Harold Rhéaume a un bon Dieu juste pour lui: quand il a appris que son projet allait être subventionné, il n’avait toujours pas trouvé de diffuseur. «Qui présenterait un spectacle de cette envergure lorsqu’on sait que les diffuseurs bâtissent leur programmation longtemps d’avance?» Un jour, il rencontre Daniel Soulière de Danse-Cité. En apprenant que le chorégraphe monte une ouvre imposante, celui-ci lui propose de l’inscrire dans sa prochaine saison, axée sur le travail des interprètes.
«Le chiffre dix signifie beaucoup pour moi. Ma pièce s’inscrit dans le dixième volet Intégral de Danse-Cité. Elle porte sur le décalogue et est dansée par dix interprètes qui ont marqué mon travail au cours des dix dernières années. Quand je les ai vus réunis pour la première fois en studio, j’étais ému. Entre nous circule une puissante charge émotive. Et j’espère que cette charge sera transmise au public.»
Du 18 au 22 novembre
A la Cinquième salle de la Place des Arts
L’Åne et la Bouche
Pièce singulière constituée d’une succession de solos et de duos, L’Ane et la bouche de Benoît Lachambre s’amuse à jouer avec les différentes facettes de la communication humaine. Outre le chorégraphe, on retrouve sur la scène les danseurs Sarah Chase, Robert Meilleur et Jacques Moisan. Tout de cette pièce relève de la performance: du costume à la trame sonore en passant par les gestes. Dépaysement garanti. Du 12 au 15 novembre, à Tangente.
Danse du monde<=B>
Les 13 et 14 novembre, visite à la Bibliothèque nationale du Québec du Français Alain Alexandre. Formé notamment auprès des réputés chorégraphes Maurice Béjart et Kazuo Ohno, ce chorégraphe-danseur y présentera un spectacle méditatif, si l’on considère à son choix musical comprenant, entre autres, Loreena McKennit et Dead Can Dance.
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