Casse-Noisette : Prince-sans-rire
Scène

Casse-Noisette : Prince-sans-rire

Quelques jours avant Noël, le Grand Théâtre nous convie à un Casse-Noisette à l’ukrainienne. Alliant le légendaire Ballet de Kiev et les danseurs folkloriques ukrainiens Shumka de l’Alberta, le spectacle n’en est qu’à sa deuxième saison.

L’absence du traditionnel Casse-Noisette de Noël vous avait fait tout drôle l’an dernier? Réjouissez-vous, il est de retour cette année, mais dans une version toute nouvelle qui serait même assez unique en son genre. Michael Sulyma, le producteur de Shumka, affirme avec aplomb n’en avoir jamais vue de semblable. «Et j’en ai vu des Casse-Noisette dans ma vie», précise-t-il. C’est lui qui a eu l’idée de réunir les deux compagnies.

Chose certaine, les habitués du spectacle des Grands Ballets canadiens seront agréablement dépaysés. Le directeur artistique du Kiev, Victor Litvinov, a choisi de coller davantage au conte original d’Hoffmann, ce qui rend l’histoire un peu plus adulte. Pour aller dans le sens de cette atmosphère romantique et féerique, Maria Levitskaya a créé des décors et des costumes davantage somptueux que bonbon. Quant aux douze danseurs de Shumka, ils ajoutent une note de dynamisme à ce classique. Les deux directeurs artistiques ont d’ailleurs pris le parti de la danse, limitant la pantomime au minimum. Les airs célèbres de Tchaïkovski ont été enregistrés par l’Opéra national d’Ukraine.

Depuis sa création par Marius Petipa en 1892, ce conte de Noël dansé est toujours aussi populaire. L’histoire laisse place à quelques variations, mais la trame de base demeure. Pendant le réveillon familial de Noël, Maria (parfois appelée Clara) reçoit un casse-noisette en cadeau de son parrain, le docteur Drosselmeyer. Après la réception, elle s’endort, son cadeau entre les bras, et elle rêve. Son casse-noisette se bat contre le roi des rats. A l’issue du combat, dont il sort victorieux, il se transforme en prince. Il emmène Maria dans un pays fantastique où ils assisteront à un enchaînement de danses de tous les pays.

Plusieurs compagnies nous présentent Clara comme une fillette. Son rôle demeure plutôt théâtral, laissant à la fée le fameux pas de deux avec le prince. Dans la version originale du conte d’Hoffmann, celle qu’ont préférée les ballets de Kiev, Maria se transforme en adulte et elle tombe amoureuse du prince Casse-Noisette, ce qui ajoute une dimension romantique au conte de Noël. «Maria vit son premier amour, un événement important dans la vie de la jeune fille», estime Michael Sulyma. Il avoue que le pas de deux entre Maria et son prince est son moment préféré du spectacle.

John Pichlyk, le chorégraphe de Shumka, ne pouvait résister à la tentation d’ajouter une touche ukrainienne au ballet. Il a intégré un Hopak, une danse de célébration ukrainienne, aux danses ethniques de Casse-Noisette. Pour la musique, il a choisi un extrait de l’opéra Mazepa, de Tchaïkovski lui-même. Une bien petite tricherie envers le compositeur! Pichlyk a aussi retravaillé la partition des rats dans la célèbre bataille entre rats et soldats de plomb pour rendre la danse plus acrobatique. Un viril combat qui exige des danseurs forts. Donc, pas question de confier ce rôle à des enfants, comme le font les Grands Ballets.

Comme la bataille fait intervenir les deux compagnies (les soldats sont des danseurs du Kiev) les chorégraphes ont dû travailler chacun de leur côté en bonne partie. Ils n’ont eu que quelques semaines pour tout coordonner. C’est en 1991, à l’occasion d’une série de spectacles donnée par Shumka au pays de ses ancêtres, que tout ce beau monde a fait connaissance. La suite n’a été qu’une histoire de respect mutuel et de passion pour la danse.

Du 18 au 20 décembre
Au Grand Théâtre