Ma place dans l'humanité : Échec cuisant
Scène

Ma place dans l’humanité : Échec cuisant

Entrevue avec STÉPHANE FRANCHE. Un homme de théâtre qui explore les abîmes de l1échec dramatique. Sérieusement!

Ce n1est probablement pas arrivé souvent dans l1histoire de l1humanité… Les acteurs du prochain spectacle de l1Espace libre, qui prendra l1affiche durant les Fêtes, aimeraient bien avoir de mauvaises critiques! Or, vacances obligent, Voir ne pourra pas aller constater l1étendue des dégâts sur place, nous offrons donc à la troupe un (bon?) pré-papier.

Soyons justes: les concepteurs de Ma place dans l1humanité, Stéphane Franche et Patrice Dubois, ne désirent pas vraiment avoir de mauvaises critiques. Mais ils espèrent que leur pièce soit un bide, ou du moins franchement nulle. Ils désirent explorer les profondeurs de l1échec théâtral. Pour ce, ils sont équipés de tout ce qu1il faut pour y parvenir: un mauvais texte doté d1une construction boiteuse, une mise en scène poussive avec des longueurs, des comédiens qui jouent faux, et finalement une histoire incompréhensible. Ajoutez à cela des dates casse-cou (du 23 au 31 décembre), une distribution sans aucune vedette, et peu de moyens – la troupe attend ces jours-ci une réponse du CALQ à sa demande de subventions (sic!)… et tous les ingrédients sont là pour faire un bon four…

Mais pourquoi diable s1embarquer dans une telle galère? «J1aime les défis, répond Stéphane Franche, qui dirige aussi, avec Dubois, la trentaine de comédiens – qui, soit dit en passant, ont été recrutés facilement par les deux auteurs. «Mais aussi parce que Patrice et moi, nous avons joué dans une mauvaise pièce d1un théâtre d1été. Et pour exorciser cette expérience, on a pensé à ce projet fou sur l1échec au théâtre. On s1est mis au travail: on a écrit un texte sans aucune idée de départ, à raison de sept pages par jour réparties sur dix sessions de travail, sans jamais se relire (sic!). Le résultat donne Ma place dans l1humanité. Mais Patrice et moi, nous avons deux visions diamétralement oposées de la pièce…»

Pour les deux maîtres d1|uvre du projet, il s1agit d1une deuxième étude théâtrale autour du «bide emphatique». La première fois, les spectateurs ont plutôt rigolé et bien aimé. Et Franche et Dubois ont donc raté leur coup… Cette fois-ci, les acteurs devront faire oublier la frontière, parfois mince, entre le charisme et le cabotinage, afin que tout le monde pense qu1ils sont vraiment mauvais. De quoi laisser son ego au vestiaire…

«On fait tout ce qu1on nous a dit de ne jamais faire à l1école de théâtre. Les professeurs disent toujours aux comédiens qu1ils doivent être intenses, charimastiques et vrais sur la scène. Nous leur disons au contraire de penser à autre chose, de douter de leurs répliques, d1être ailleurs que dans la situation. Et si les spectateurs croient que les comédiens sont aussi mauvais que ça, c1est qu1on aura bien fait notre travail!»

Pour l1instant, l1homme de théâtre se demande si son bide va marcher. Mais, à quelques jours de la première, il est confiant: «Il nous arrive des pépins incroyables depuis le début des répétitions. Pas de doute: le Dieu du flop est avec nous!»
Alors merde. Suivi d1un gros «MERCI»… pour la malchance.

Du 23 au 31 décembre (relâche: les 24 et 25 décembre)
Espace libre
Voir calendrier Théâtre