Trois sombres textes pour actrice éclairée : La femme défendue
La vie, la mort, l’attente interminable; trois thèmes pour autant de personnages créés par MARIE-EVE GAGNON. Et qui de mieux pour incarner tout ce beau monde qu’ANDRÉE VACHON, celle qui inspira la jeune auteure.
Il y a comme un parfum de bonheur qui flotte dans la salle de répétition du théâtre Périscope. Une impression de complicité, de plaisir et de douce folie. C’est là que l’on a rencontré une auteure et sa muse: Marie-Eve Gagnon et Andrée Vachon. La première a récemment fait excellente figure avec sa mise en scène de Première jeunesse, au Trident. Cette fois-ci, Marie-Eve Gagnon orchestre des mots qu’elle connaît bien puisqu’ils sont les siens. Un texte écrit pour une amie de longue date, Andrée Vachon. «C’est mon cadeau du millénaire, s’exclame la comédienne. C’est le rêve de toutes les actrices d’avoir un texte écrit pour soi.»
Et ce n’est pas un mais bien trois personnages que l’auteure a inventés pour elle. Trois sombres textes pour actrice éclairée met en scène trois femmes extrêmes et intenses. «La première est une femme de trente ans dont l’amant, un baby-boomer de cinquante ans, vient de mourir du cancer, raconte Marie-Eve Gagnon. On la rencontre au moment où elle doit faire les arrangements pour les funérailles. J’ai voulu parler du rapport avec la mort, bien différent en théorie de ce que l’on peut vivre lorsque c’est la personne aimée qui meurt. La transmission du patrimoine, le fossé entre les générations et la matière sont traités dans ce premier texte. La deuxième femme que je propose en est une qui, afin d’aller au bout de la création artistique, a décidé de cesser de parler pendant huit mois, histoire de voir ce qui monterait en elle. Petit détail, elle est enceinte "à rabord la canisse" mais ne dit mot sur le sujet. Elle cherche ses réponses à l’extérieur d’elle-même et fait abstraction du reste. C’est la négation et le refus de voir et d’assumer les contradictions; un peu comme le peuple que nous sommes… La troisième aussi nous ressemble: elle attend, procrastine. Les choses arrivent dans sa vie mais elle attend. L’attente devient une fin en soi.»
Dans l’atmosphère intimiste du foyer du Périscope – là où une partie du texte fut présentée naguère en Carte blanche – Andrée Vachon s’emparera et fera siennes ces trois femmes «gigantesques». Angoissée la dame? «J’ai l’impression de m’engager dans une descente en rafting! Mais sincèrement, je n’ai pas peur. Au contraire, je meurs d’envie d’aller chercher et toucher les gens, d’établir le contact avec eux.» A voir l’éclat de son regard lorsqu’elle savoure déjà ces instants en pensée, on ne peut s’empêcher de la trouver… lumineuse!
Du 19 au 30 janvier
Au Périscope