Scène

Ken Roy : Sonate d’hiver

Originaire d’Halifax, KEN ROY se classe aujourd’hui parmi les meilleurs danseurs du Québec. Sous le titre de Projet Roy, DANSE-CITÉ lui a donné carte blanche pour monter un spectacle avec trois chorégraphes de son choix.

Le projet« interprète» de Danse-Cité est un cadeau du ciel pour un danseur: il est la tête d’affiche d’un spectacle signé par des chorégraphes de son choix. Plutôt habitué à être sélectionné par eux, le danseur Ken Roy n’a pas hésité une seconde à participer à ce renversement des rôles.

«J’ai demandé à Louise Bédard, Danièle Desnoyers et Hélène Blackburn de me créer chacune un solo à partir d’une pièce pour piano de Chopin. A ma grande surprise, elles ont accepté.» Pourquoi surpris? «C’est que, généralement, les chorégraphes aiment avoir le plein contrôle de leur création. Pour mon projet, les filles devaient me laisser carte blanche pour le décor, la musique et les costumes. De cette façon, elles pouvaient se consacrer entièrement à leur chorégraphie.»

Parions que même s’il leur avait imposé davantage de balises, ces artistes à la réputation établie l’auraient tout de même suivi. C’est que cet anglophone originaire d’Halifax se classe parmi les meilleurs danseurs du Québec. Il y a une vingtaine d’années, il rêvait pourtant de théâtre. «A l’école de théâtre, on m’a vite dit que j’étais meilleur en danse», explique-t-il en rigolant. Après un court séjour à l’École supérieure de danse du Québec, puis un autre à Toronto, où il entend parler du dynamisme de la communauté de danse montréalaise, il exécute ses premiers pas – et plusieurs autres par la suite – chez Jean-Pierre Perreault, à la fin des années 80. «Presque tout le monde a travaillé pour Perreault, dit-il. C’est à sa compagnie que j’ai rencontré Louise, Danièle et Hélène.»

Ces dernières années, les chorégraphes Sylvain Émard, Irène Stamou et Tassy Teekman ont fait appel à Roy. Sa prestation dans le solo Ravished by the Break of Dawn, d’Irène Stamou, a révélé une sensualité inhabituelle chez les danseurs masculins, une découverte qui lui a donné envie de pousser plus loin l’investigation. «J’ai choisi des chorégraphes féminines parce que j’aime la manière dont elles font danser les hommes. Elles exploitent autre chose que l’agressivité.» Le résultat l’emballe: «Hélène s’est inspirée de ma façon de bouger. Louise, elle, m’a créé une pièce à l’image de ce qu’elle fait alors que Danièle s’est attardée sur la déconstruction du mouvement.»

Il ne lui reste plus maintenant qu’à interpréter chaque solo comme si c’était le dernier. «Le plus difficile, c’est de livrer une pièce en oubliant la précédente.» C’est vrai qu’il aurait pu s’entourer de partenaires de scène pour alléger sa tâche, mais son plaisir n’aurait pas été le même. «Je suis un solitaire. Or, ça fait dix ans que je travaille en groupe. Cette fois-ci, je voulais avoir des chorégraphes pour moi tout seul.» Son unique regret: livrer une performance à l’intérieur d’une courte période de temps. «C’est lorsque la création est terminée que le travail de l’interprète commence!»

Du 20 au 30 janvier
Au Monument-National

Sarah Bild

Chorégraphe discrète qui poursuit son petit bout de chemin depuis plusieurs années déjà, Sarah Bild sera sur la scène de Tangente ce week-end en compagnie de la violoniste Julie-Anne Derome. Elle dansera un solo inédit, Thunder. Après avoir abordé la diversité des relations humaines, elle explore aujourd’hui un thème original: les désastres naturels. A voir si la neige, le froid ou le verglas ne vous en empêchent pas!