Et celui sous terre : Crise d'identité
Scène

Et celui sous terre : Crise d’identité

L’homme se présente tel qu’on l’avait imaginé. Affable, souriant, courtois. Évoquez le nom de Roland Lepage et on vous parlera raffinement, culture et langue châtiée. Rien de plus vrai. Le comédien – mais aussi auteur et ancien directeur artistique du Trident – nous a habitués à des personnages du répertoire classique, livrés avec panache et maîtrise du genre. Marivaux, Molière et autres beaux parleurs n’ont plus de secret pour lui. D’où l’agréable surprise de le retrouver dans la distribution du premier Shepard à être monté au Trident, Et celui sous terre. Il donnera vie au personnage de Dodge, patriarche acariâtre et mourant. «C’est un rôle dramatique, dur, confie Roland Lepage. Je pense que je n’ai jamais autant travaillé un personnage que celui-ci. Ce n’est pas tant la longueur du texte que sa forme qui représentait le défi. Lorsque l’on joue un classique, la langue est correcte et respecte une certaine rythmique qui en facilite l’apprentissage et la maîtrise. Là, on tombe dans une langue populaire, syncopée. La traduction de Jean-Marc Dalpé est d’ailleurs très fidèle au langage de Sam Shepard. »

Après une absence de six ans, Vince revient en terre natale afin de revoir son père. Il est confronté à l’amnésie collective d’une famille totalement dysfonctionnelle cachant un terrible secret. Des questions seront posées afin de lever le voile sur cette terrible vérité. L’Amérique profonde, celle des années 60, est dépeinte dans cette pièce qui a valu à son auteur le Prix Pulitzer en 1979, sans jamais avoir été jouée sur Broadway. Avec David Mamet, Sam Shepard s’inscrit comme l’auteur américain le plus important depuis Edward Albee. La quête d’identité, la religion et la famille sont ses terrains de prédilection. Sous sa plume, que l’on qualifie d’hyperréaliste, les mythes se fissurent, laissant entrevoir la troublante réalité. C’est particulièrement le cas avec Buried Child. «C’est une Amérique à laquelle on peut s’identifier, poursuit Roland Lepage. L’action se déroule dans une ferme en Illinois, mais on pourrait très bien l’imaginer quelque part dans la Beauce où dans une autre contrée du Québec.» L’histoire sera portée sur scène par huit comédiens, sous la direction de Gill Champagne, dans un décor signé Jean Hazel et un environnement sonore de Robert Caux.

Du 26 janvier au 27 févrierAu Grand Théâtre