Tammy Forsythe : A bout portant
Scène

Tammy Forsythe : A bout portant

Originale, provocatrice, et souvent ironique, TAMMY FORSYTHE fait partie de la catégorie de chorégraphes québécois imprévisibles, dont les créations sont toujours attendues. Surprise assurée.

Tammy Forsythe, c’est la Jean Leloup de la danse. En entrevue, elle se révèle par bribes, s’indigne du travail de ses contemporains, abhorre les étiquettes, coupe les cheveux en quatre quand il est question de son ouvre, et digère mal le succès. «J’ai toujours l’impression de dire des choses stupides», confiera-t-elle à la toute fin de la rencontre. Or, c’est bien la dernière chose qui nous vient à l’esprit quand on l’écoute ou que l’on connaît un tant soit peu son travail.

Signature originale, provocatrice, souvent ironique, Tammy Forsythe fait partie de la catégorie de ceux dont on ne sait jamais à quoi s’attendre, comme Brouhaha Danse ou Benoît Lachambre. A l’exemple de ce dernier, elle se spécialise dans la «danse performance» plus populaire en Europe qu’ici. «Ma principale force, c’est de créer des images», dit-elle.

Son prochain spectacle, présenté du 11 au 13 février à Tangente, mélange vidéo, textes, danse et musique (un contrebassiste l’accompagne sur scène). Habituée à concevoir une gestuelle pour plusieurs interprètes, elle dansera cette fois-ci trois courtes pièces fort différentes les unes des autres, ce qui représente une première dans sa carrière. Malgré son refus de décrire son spectacle dans le but de préserver l’effet de surprise chez le public, elle raconte qu’un des solos s’est inspiré d’un souvenir d’enfance. «Je viens d’une famille de chasseurs. Un jour, un de mes oncles a heurté un chevreuil en auto. Quelques jours plus tard, ma mère nous servait à table la viande de cet animal. Je revois encore cette scène, moi, écourée, et ma mère qui faisait comme si de rien n’était…»

Jeune chorégraphe originaire de Nouvelle-Écosse et établie à Montréal depuis une douzaine d’années, Tammy Forsythe s’est surtout fait connaître en 1996 avec une pièce de groupe s’inspirant de films de série B, Buoy, présentée au Festival international de nouvelle danse. A cette époque, on s’informait sur son lien de parenté avec le célèbre chorégraphe américain William Forsythe. «Je n’en ai aucun, mais je me disais que si on le croyait, ce serait à mon avantage», se souvient-elle en rigolant.

La chorégraphe s’est faite discrète au cours des deux dernières années. Depuis un certain temps, elle ressentait le besoin de se renouveler. Son succès professionnel lui a fait craindre de s’enliser dans un style, ce qu’elle ne souhaite surtout pas. «Ce que je vois en danse n’a rien d’original. Pourtant, il est possible de créer quelque chose d’inédit. On n’a qu’à regarder les gens dans la rue, personne ne marche de la même façon!»

Cet automne, elle s’est enfermée seule dans un studio, travaillant parfois douze heures par jour, avec, pour résultat à chaque fois, une minute et demie de chorégraphie. «Je me suis aperçue que mon corps avait vieilli, et que danser exigeait énormément de discipline.» N’empêche qu’aujourd’hui, elle a l’impression d’avoir franchi un pas de géant. Et qu’elle le veuille ou non, son spectacle fera de nouveau parler d’elle. «Je sais, je sais, ça fait partie de la vie…», soupire-t-elle.

Du 11 au 13 février
A Tangente