La Douceur du ciel : Les ailes du désir
Scène

La Douceur du ciel : Les ailes du désir

La chorégraphe LUCIE GRÉGOIRE va sans cesse au devant des transformations. Avec La Douceur du ciel, elle remonte aux origines de la danse.

Les chorégraphies de Lucie Grégoire n’ont pas toujours été ces pièces imagées et empreintes de chaleur humaine qu’on lui connaît aujourd’hui. Ceux qui se rappellent son style du début des années quatre-vingt la trouveront bien changée. En 1985, après avoir poussé à sa limite la logique de la primauté du mouvement sur l’émotion avec Panic Time, elle se rend au Japon pour quelques mois. L’enseignement de Min Tanaka lui fait remettre en question ses acquis. «L’épuisement amène à une meilleure disponibilité mentale et physique. C’est un peu une dissolution de l’ego. C’est certain que mon influence première a été Cunningham. Mais j’ai laissé ça se transformer pour en arriver à un travail plus en contact avec l’émergence du mouvement qui essaie d’englober l’être dans sa totalité.»

Créée en 1997, La Douceur du ciel représente le parcours de vie d’une femme, qu’interprète Lucie Grégoire elle-même. Elle évolue dans la chaleur agréable d’un quotidien où le temps se suspend. S’ajoutent à ce personnage, Gaétan Verret et Hélène Mercier. Lui, c’est un peu la part animale enfouie en chaque humain, elle, représenterait plutôt la dimension temporelle de la vie. «Eux, ils sont sur un autre plan, explique la chorégraphe. Ils ne sont pas dans le même temps. Elle [son propre personnage] est dans un temps plus réel.» Les rares contacts entre ces deux dimensions sont source de métamorphoses.

Lucie Grégoire tenait à ce que le spectateur ressente son plaisir de danser, un plaisir qui la ramène aux origines de la danse. Pour elle la tradition gitane du flamenco fournit un bel exemple de cet esprit de communication du plaisir de la danse. «En danse contemporaine, ça devient souvent trop stylisé. Le spectateur est déconnecté, en état de trop grande distance.»

Comme pour ses pièces précédentes, Lucie Grégoire s’est laissée imprégner de ses expériences privilégiées, la lecture d’un livre et la fréquentation d’un lieu, pour amorcer sa création. A l’origine de La Douceur du ciel, un voyage au Portugal. «Au Portugal, comme dans les autres pays de la Méditerranée, on sent une douceur, un sens de la vie plus doux, plus fluide. Il y a aussi un climat de nostalgie très ancré. Une nostalgie au quotidien, dans les rapports entre les gens, la nourriture.» Sa lecture de Pluie et vent sur Télumée Miracle de Simone Schwarz-Bart vient ensuite enrichir le tableau. Dans un langage «imagé» et «savoureux» le roman parle d’un autre pays que la chorégraphe a déjà visité, la Guadeloupe.

«Je ne vois pas beaucoup de danse, admet l’artiste. Le cinéma, la littérature m’amènent des images plus concrètes que la danse.» Elle apprécie particulièrement le cinéma des pays de l’Est, autant pour sa poésie, ses mises en contexte que pour ses rythmes. Elle est fascinée par l’impresssion de «temps suspendu». Chose peu courante pour une chorégraphe, elle se passionne pour la photographie, particulièrement pour les textures de lumière.

Lucie Grégoire collabore étroitement avec des artistes d’autres disciplines. Pour La Douceur du ciel, la musique de Robert M. Lepage, les éclairages d’Alain Lortie et la scénographie de Richard Lacroix se sont développés en même temps que la chorégraphie. Autre échange: le samedi 13 février, la chorégraphe participera à un événement arts visuels-danse-littérature à la galerie l’Oil de poisson. Quant au spectacle lui-même, il ne reste des billets que pour les représentations des 18 et 19 février.

Du 18 au 20 février
A la Salle Multi