Montréal Danse : Changement de cap
Scène

Montréal Danse : Changement de cap

Une femme nue sur fond noir annonce le prochain spectacle de Montréal Danse. Avec cette publicité aguichante, la compagnie espère se renouveler. Le danseur SYLVAIN LAFORTUNE en parle.

La publicité pleine page de Montréal Danse ne manque pas d’audace: on y voit les courbes prononcées d’une femme nue sur fond noir. Au bas de la page, l’adresse d’un site Internet: www.lovedeathdetails.com. Les curieux qui espèrent se rincer l’oil seront déçus: le site annonce le prochain spectacle de la compagnie, Love, death et autres détails, à l’affiche dans quelques jours à l’Usine C.
Love, c’est pour Lettre d’amour à Tarentino, une ouvre de Paula de Vasconcelos, créée pour Montréal Danse, il y a deux ans. Et death, c’est pour Enter: Last, une création inédite du chorégraphe en vogue José Navas. Qu’est-ce qui pousse donc une compagnie de danse se décide à jouer le jeu de marketing?

«On voulait miser sur l’image jeune de Montréal Danse, explique le danseur Sylvain Lafortune. Comme tu le sais, la compagnie a une nouvelle directrice artistique depuis trois ans.» Son nom: Kathy Casey. C’est pour cette Américaine que Sylvain Lafortune a récemment quitté les rangs d’O Vertigo. Il l’a rencontrée à la compagnie new-yorkaise Lar Lubovitch Dance au début des années quatre-vingt. Elle est devenue, par la suite, sa conjointe et la mère de ses deux enfants. Quand le danseur Martin Bernier a démissionné de Montréal Danse il y a quelques mois, Sylvain Lafortune l’a remplacé au pied levé. Attention, il n’y a pas de quoi faire courir une rumeur: «Ça fait longtemps qu’on veut travailler ensemble. Mais Kathy n’aurait jamais mis un danseur à la porte pour faire rentrer son chum», dit-il en souriant.

Malgré sa vaste expérience professionnelle – il a dansé pendant des années aux Grands Ballets Canadiens -, la transition ne fut pas évidente pour Sylvain Lafortune. D’abord, il a travaillé en même temps et ce, pendant des mois, chez O Vertigo et Montréal Danse. Puis, il a mis du temps à faire sienne l’ouvre de José Navas. Et pour cause: il est arrivé au beau milieu du travail de création avec, dans le corps, la dernière danse d’O Vertigo, En dedans. «La pièce de Ginette Laurin était très minimale et axée sur le jeu intériorisé alors que celle de José est extrêmement rapide et technique. Il y a des pas pour lesquels je dois m’arrêter et réfléchir sur la façon dont je vais les exécuter.»

«José utilise le Release et le Cunningham. C’est un mélange de contractions et de relâchements. Les mouvements ne partent pas du bassin comme c’est l’habitude en danse, mais des extrémités du corps. Ces deux techniques me semblaient contradictoires. Si j’étais trop relâché, je perdais le contrôle. Et si je maîtrisais trop les mouvements, je n’avais plus le relâchement désiré.»

Cet obstacle n’empêche pas Sylvain Lafortune d’adorer cette courte pièce qui traite pourtant d’un sujet triste: la mort. «C’est une pièce extrêmement émouvante et, en même temps, d’une incroyable énergie. Une vraie bombe!» Lettre d’amour pour Tarentino est d’une tout autre texture. La chorégraphe Paula de Vasconcelos livre ses réflexions sur les comportements machistes valorisés en cinéma. Cette chorégraphie dynamique, qui fut bien accueillie au moment de sa sortie, est devenue l’ouvre la plus en demande du répertoire de Montréal Danse, qui en compte plus d’une trentaine.

Sylvain Lafortune, qui aime relever de nouveaux défis, sera servi avec la compagnie de sa blonde. Dans le futur, on souhaite inviter des signatures fortes et variées, lesquelles auront comme mandat d’inventer une chorégraphie originale à partir de ce qu’ils ont l’habitude de faire. Une chose est sûre, on ne veut surtout pas danser pour une élite seulement. «Le milieu de la danse se compare souvent aux artistes visuels dont les ouvres sont comprises plus tard. On dit que la danse ne s’explique pas, qu’elle est intuitive. Je dis non à ça. On est un art d’interprétation, c’est tout de suite que les gens doivent comprendre!» explique le danseur.

Le rajeunissement de l’image de Montréal Danse semble porter fruit. La compagnie est de plus en plus appelée à vivre dans ses valises. Des diffuseurs européens et américains, rencontrés lors d’événements comme CINARS, ont été impressionnés par la qualité de sa danse. Et cela, avant même que la blonde pulpeuse de la publicité ne les aguiche avec ses courbes sensuelles!
Du 2 au 13 mars
Usine C

Duplex

Entre les tournées et sa nouvelle création de groupe, Jean-Pierre Perreault vient de signer un duo pour Mark Shaub et Natalie Morin. Au même programme, Shaub et Morin ont également lancé l’invitation à la Torontoise Julie Sasso. Raison supplémentaire d’aller voir Duplex: les danseurs évolueront pendant la soirée dans un décor signé par Jean-Pierre Perreault qui, comme on le sait, peint ses propres décors depuis des années.

Du 24 au 27 février
Centre Calixa-Lavallée
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