Le Livret d'Isabelle : Conte de la folie ordinaire
Scène

Le Livret d’Isabelle : Conte de la folie ordinaire

Une psychiatrisée hantée par l’opéra, un univers tapissé de folie; MARIE GIGNAC campe seule la tragédie d’une femme.

Angoissant, aventureux, risqué, le solo semble avoir la cote par les temps qui courent. Seul sur scène, le comédien n’a que son souffle pour le porter, que sa performance pour s’ancrer dans le désir du spectateur. Et pourtant, rares sont les acteurs qui refuseraient de mordre à belles dents dans pareille expérience. Marie Gignac ne fait pas exception. La polyvalente dame s’attaque, avec Le Livret d’Isabelle de Bernard Gilbert, à son premier spectacle du genre. Celle qu’on a surtout vu ouvrer en collectivité, particulièrement dans les projets théâtraux et cinématographiques de Robert Lepage, ainsi qu’à son poste de codirectrice artistique du Carrefour international de théâtre de Québec, devient ici seule messagère ultime. Il faut dire qu’elle fut choyée puisqu’elle a participé à l’adaptation théâtrale de ce qui était d’abord poésie, publiée sous le titre Opéra. «Il y a trois ans, dans le cadre du Festival Folie/Culture, Bernard m’avait demandé de lire des extraits de ce récit poétique, explique-t-elle. Quelques mois plus tard, l’idée de l’adapter pour le théâtre naissait. On a travaillé à deux, faisant tout nous-mêmes, écriture, mise en scène, bande-son, etc. Ce fut d’abord une Carte blanche au Périscope. Puis la subvention est venue et c’est là que l’on a fait appel à Gill Champagne et Jean Hazel.»

Le personnage qu’incarnera Marie Gignac est celui d’une femme aux lourds présent et passé psychiatriques. «Son univers est fait d’opéras auxquels elle s’identifie et qui lui servent à véhiculer ses émotions. Elle vient de sortir d’un institut psychiatrique et on voit bien qu’elle n’en était pas à son premier séjour. Son imaginaire est axé sur des personnages d’opéra ayant vécu des épisodes de folie. Et à la fin, elle écrit son propre livret. C’est son histoire romancée qu’elle nous raconte.» Sans cautionner les gestes posés dans le passé par l’héroïne _ elle a entre autres occis quelques personnes _, Marie Gignac avoue admirer cette liberté absolue, ce refus du banal qui la caractérise. «Elle se bat contre la facilité, la médiocrité, la tiédeur des sentiments. Elle est allée tellement loin dans ce combat qu’elle a tout perdu. Je pense que cela permet de comprendre comment et pourquoi les gens peuvent se rendre à l’extrême, tout en jetant une lumière sur l’art» conclut-elle. Rendez-vous avec le tragique fait femme.

Du 10 au 21 mars
Au Studio In Vitro
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