Leçon d'anatomie
Scène

Leçon d’anatomie

Lin Snelling est comédienne-danseuse pour Carbone 14 depuis une dizaine d’années. Les tournées de cette compagnie l’ont empêchée de faire, pendant cette période, ce qu’elle a d’abord appris sur les bancs d’école: la chorégraphie. Mais elle n’a rien perdu pour attendre: elle livrera dans quelques jours un spectacle solo coiffé du joli titre: Femme comme paysage.

Carbone 14 est coproducteur du spectacle de Lin Snelling, c’est pourquoi la chorégraphe-danseuse, qui s’était jusqu’à alors présentée à Tangente, dansera cette fois-ci à l’intérieur des murs de l’Usine C, plus précisément au petit studio. À la première visite de cette salle qui peut accueillir 80 spectateurs environ, elle était littéralement tombée en amour avec les hauts murs et le plancher de bois. Elle a d’ailleurs su en faire bon usage. Au tout début du spectacle, pendant qu’elle danse dos au public, à demi nue, défilent devant elle des nuages blancs sur un immense écran bleu. Les muscles dorsaux et la colonne vertébrale de la danseuse ondulent doucement sur une musique céleste. Le tableau est impressionnant. On se demande, notamment, comment elle fait pour bouger de cette façon.

«On a l’impression que cet exercice exige un effort musculaire imposant, alors qu’il n’en est rien. Ce n’est en fait qu’un exercice de respiration», explique-t-elle. Déjà dans les spectacles de Gilles Maheu et d’Irène Stamou _ pour laquelle elle a dernièrement dansé _, le dos de Lin Snelling était sous les feux des projecteurs. Ce n’est donc pas pour rien que les publicités de Femme comme paysage nous montrent la ligne parfaite d’un dos féminin. «C’est une partie de mon corps qui parle beaucoup», dit-elle.

Lin Snelling a tenu à me livrer un extrait de son spectacle pour faciliter la compréhension d’une chorégraphie qui se résume difficilement. Une chose est sûre, l’anatomie constitue la pièce maîtresse de sa chorégraphie. Et le paysage dont il est question dans le titre est en quelque sorte la radiographie de son âme. «Je vois la pièce comme une respiration, une chanson.»

Concours de circonstances? Des amis, avec lesquels elle avait discuté de sa chorégraphie, lui ont chacun donné une carte postale sur laquelle on voit une vieille Amérindienne. Selon eux, son visage buriné incarne l’esprit de la pièce. «C’est vrai qu’on retrouve des éléments ancestraux et un respect de la nature dans ma chorégraphie. Voilà des coïncidences que j’adore!»

Formée à l’école de la compagnie Toronto Dance Theater, cette ancienne étudiante en journalisme a surtout exploré le théâtre avec Carbone 14. «Le travail de Gilles (Maheu) m’a appris à habiter pleinement la scène, à être en contact avec les choses vivantes.» Sa dernière chorégraphie n’a pourtant rien à voir avec les allers et retours effrénés des personnages des Âmes mortes, par exemple. «S’il y a une ressemblance, c’est avec le personnage de la femme immobile à la fenêtre (une partie douce de la pièce).»

Artiste polyvalente, Lin Snelling a écrit les textes et prêté sa voix à la trame sonore de sa pièce. Serait-ce, comme elle le dit à propos de sa chorégraphie, «pour mieux laisser une trace» aux prochaines générations?

Du 17 au 28 mars
Au Studio de l’Usine C
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