Feydeau et le Théâtre des Variétés: a priori, l’équation pourrait sembler toute naturelle, le quiproquo adultérin et le «Ciel, mon mari!» servant de trait d’union. C’est pourtant à une mini-révolution artistique que se prête la vénérable salle de l’avenue Papineau, en tentant une première incursion du côté du théâtre «conventionnel». Un pari d’autant plus réel que Le Système Ribadier n’est pas l’ouvre la plus enlevée du vaudevilliste. Pour être amusante et finement tournée, cette courte pièce, rarement montée, repose davantage sur une série de traits spirituels, de mots d’esprit et de malentendus verbaux que sur les sempiternelles portes claquantes et rebondissements d’usage.
À partir du canevas très simple d’un homme qui trompe une épouse méfiante et échaudée de façon inédite – il l’endort… -, l’auteur du Dindon brosse une piquante satire sociale, assortie d’une sorte d’éthique de l’adultère. Dans un décor très chargé à la manière Belle Époque, la première mise en scène de Janine Sutto apparaît un peu raide et en panne de rythme, malgré quelques bons moments. Et certaines
compositions solides: celles de Jean-Guy Viau et, surtout, de Dorothée Berryman, le pilier du spectacle. Gestuelle précise, diction impeccable, la comédienne joue avec beaucoup de finesse. On ne peut malheureusement pas en dire autant de Vincent Bilodeau, lourdaud et livrant mollement son texte.
Quant à l’incontournable Gilles Latulippe, icône du Théâtre, il a hérité d’un rôle peu payant, qu’il rend de manière plutôt effacée. Et dans un style sans ambages qui n’est pas vraiment celui du spectacle… Jouée devant un public plutôt amorphe, la production nous laisse l’étrange sensation d’un objet hybride, d’une transition pas encore consommée entre deux cultures…
Jusqu’au 28 mars
Au Théâtre des Variétés
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