Pendant qu’une armada de Québécois tourbillonne au printemps du Québec en France, trois francophones ont résolu de nous parler de voyages intérieurs, ici, en Amérique du Nord.
Le Théâtre de la Vieille 17 d’Ottawa, le Théâtre de l’Escaouette de Moncton et le Théâtre Sortie de Secours de Québec ont conjugué leurs ressemblances sur le mode des différences afin de créer Exils, un spectacle ambitieux et original quant au spectre de ses créateurs. Les horizons géographiques et paysages linguistiques de Robert Bellefeuille, Marcia Babineau et Philippe Soldevila convergent vers une même réalité: l’identité est une notion plus que relative, assujettie à la lunette utilisée pour la regarder et la nommer. La première de la pièce a eu lieu le 16 mars dernier, à Moncton. C’est là que nous avons rejoint Philippe Soldevila, instigateur du projet Exils. «L’idée est née d’une envie de parler du fait francophone en Amérique du Nord, explique le metteur en scène. Le mandat artistique du Théâtre Sortie de Secours est guidé par l’intérêt envers les cultures étrangères. En discutant avec Robert et Marcia, j’ai réalisé que "l’étranger" n’est pas toujours aussi éloigné que l’on pense. On est plutôt dans la ouate à Québec. Être francophone ailleurs au pays, c’est une autre réalité.»
Deux jumelles identiques, séparées à la naissance et ignorant leur existence réciproque, partent à la recherche de leurs parents biologiques. S’engage alors une quête qui les transportera à travers le continent et les mettra en contact avec différentes cultures francophones. «Ce fut un gros travail de réflexion et d’exploration. On voulait traiter d’identité, de la langue, de la notion de territoire, d’errance, de quotidien. Mais pas question de tomber dans la revendication. On a plutôt cherché à désacraliser le tout en traitant cela avec beaucoup d’humour. Rire de nous autres un peu quoi!», poursuit Philippe Soldevila tout en soulignant la complexité logistique de l’affaire. Car l’équipe de création est à l’image de ses intentions: les auteurs, comédiens, concepteurs et techniciens sont ou Québécois, ou Acadiens, ou Franco-Ontariens. On imagine sans mal les efforts déployés pour réunir tout ce beau monde en même temps dans une ville donnée! Mais il paraît que le jeu en valait la chandelle. «Je pense qu’il y a quelque chose de très libérateur dans ce spectacle, continue-t-il. Et ce sera intéressant d’observer les diverses réactions du public en fonction de la ville où l’on joue. C’est à la fois un projet coûteux, fait sans prétention mais d’une grande portée.» En tout cas, on ratisse large dans le champ des imprégnations: un Québécois d’origine espagnole, un Franco-Ontarien qui a fait ses études à Québec et une Acadienne issue de l’Actor’s Studio de New York. Ce serait bien étonnant qu’on ne se retrouve pas un petit peu là-dedans…
Du 31 mars au 4 avril
À la Caserne Dalhousie
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