Mignonne : Soixante-dix, années dramatiques
MARIE-JOSÉE BASTIEN revêt son costume d’auteure et de metteure en scène. Résultat: Mignonne, l’histoire d’une enfant grandissant au cour d’une famille éclatée.
Avez-vous déjà eu le bonheur de rencontrer Marie-Josée Bastien dans un café ou sur le coin d’une rue? Peut-être l’avez-vous reconnue en raison des rôles qu’elle a tenus dans Le Timide au Palais, Yvonne, princesse de Bourgogne ou encore Inventaires. Si c’est le cas, il y a fort à parier que cette rencontre vous a laissé une impression de joie de vivre hautement contagieuse. D’énergie aussi. Car la belle semble courir cent lièvres à la fois… Tout en réussissant à ne pas en paumer un seul! Et tout ça avec le sourire aux lèvres et le regard qui dit: «Amenez-en, des projets, on n’a qu’une vie à vivre!» Si votre chemin n’a pas encore croisé le sien, allez à la rencontre de son imaginaire au théâtre Périscope où le Théâtre Les Enfants Terribles présente sa dernière création, Mignonne.
Dix-neuf cent soixante-seize, année des Olympiques de Montréal. La saga du stade n’en était qu’à ses premiers balbutiements et le monde entier respirait au rythme d’un minuscule bout de femme venu de la Roumanie pour réinventer la gymnastique. Et puis il y avait le beau René Simard, avec son épaisse frange et sa voix d’avant la mue… Habitée par ce genre de souvenirs, Marie-Josée Bastien a choisi de débuter l’histoire de sa pièce au moment des olympiades de 1976 pour la mener jusqu’à celles de Los Angeles, en 1984. Mignonne, la narratrice, fait partie d’une famille de quatre enfants. Elle est l’enfant «ratée», celle dont la mère eut si honte qu’elle s’est poussée avec l’agent de voyages. Il y a bien un père, laitier de sa profession, mais il est trop occupé à faire des bébés à ses clientes pour s’occuper de ses rejetons à la maison. Alors la progéniture s’élève et s’éduque comme elle le peut. «C’est la télévision, particulièrement la publicité, qui sera leur école», explique l’auteure qui signe aussi la mise en scène de ce spectacle qui compte 70 mini-scènes.
Avec Carpe Diem, texte pour lequel elle obtint une nomination au gala des Masques l’an dernier, Marie-Josée Bastien plongeait au cour d’une famille dysfonctionnelle et en brossait un tableau empreint de lyrisme. «La famille demeure pour moi un sujet inépuisable, continue-t-elle. Ces liens avec lesquels il faut vivre, on ne les a pas choisis. Il y a là-dedans les sentiments les plus extrêmes, de l’adoration à la haine. On a moins de retenue à dire les choses dans un tel contexte et on sait très bien ce qui va faire mal. Cela dit, Mignonne est une pièce totalement différente de Carpe Diem. Dans le sujet comme dans le traitement. C’est plus éclaté, moins linéaire.» Bertrand Alain, Érika Gagnon, Véronica Makdissi-Warren, Francis Martineau et Nathalie Poiré camperont les personnages imaginés par celle que l’on pourra voir sur scène cet été au Théâtre de la Fenière. «De beaux défis se dessinent aussi pour l’année prochaine», conclut Marie-Josée Bastien. Il faudra attendre les lancements de saison prévus pour avril afin de savoir dans quelles productions la comédienne fera valoir son talent. D’ici là, rendez-vous avec Mignonne, dernière production du Périscope avant le début des rénovations.
Jusqu’au 17 avril
Au Théâtre Périscope
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