Mignonne :
Jusqu’au 17 avril
Au Périscope
On porte tous en nous les réminiscences de l’enfance. Qu’elle ait été belle, choyée, tragique ou difficile, cette période de la vie colore à jamais la route qui reste à parcourir. Marie-Josée Bastien, auteure et metteure en scène de Mignonne, a manifestement entretenu des liens serrés avec sa boîte à souvenirs. La preuve en est que son spectacle déborde littéralement de références aux années 70. Pubs, coloris et palmarès de l’époque constituent le noyau dur de son écriture. Des mini-raviolis Chef Boyardee à L’Oiseau de René Simard, le retour en arrière se veut fidèle. Cela suffit-il à tisser les liens d’une histoire afin d’en faire un morceau de théâtre signifiant? L’expérience qui nous est donnée à voir au Périscope ne nous permet pas de conclure en ce sens.
La pièce débute en 1976, au rythme des cérémonies d’ouverture des Olympiques de Montréal. Sur scène, une famille de quatre enfants, un père pas vraiment là et une mère qui s’est barrée en douce mais dont le souvenir hante tous et chacun. Laissée à elle-même, la marmaille pousse comme elle le peut. La cadette, autistique, narre le tout. On verra se succéder les années, ponctuées par les innombrables déménagements du clan et les poussées hormonales des personnages.
Bien que le portrait d’époque brossé par l’auteure soit véridique et représentatif des rites de passage liés à l’enfance et à l’adolescence, l’ensemble ne réussit pas à former un tout concluant. On se lasse des clins d’oil et la structure devient rapidement répétitive, voire agaçante. Peut-être eut-il fallu que Marie-Josée Bastien se détache de son texte et le confie à un metteur en scène autre, histoire de donner une distance et un point de vue différent à sa pièce. Car, en l’espèce, on demeure à un stade anecdotique qui tourne en rond, tant dans le jeu que dans le propos. Les comédiens jouent avec une linéarité peu nuancée, engoncés qu’ils sont dans un texte qui ne leur donne pas de quoi mordre hardiment dans leurs personnages respectifs. On gagnerait assurément à resserrer de beaucoup le spectacle afin d’éviter que l’irritation ne s’installe dans la salle. Comme quoi les bons flashs ne produisent pas à eux seuls une ouvre susceptible d’être portée à la scène.