Emmanuel Jouthe : Génération danse
Avec la compagnie Danse Carpe Diem, un regroupement de chorégraphes-interprètes formés à l’UQAM, EMMANUEL JOUTHE signe des pièces denses et énergiques. Il propose deux nouvelles créations ce printemps.
Emmanuel Jouthe chorégraphie une danse à son image: physique, énergique et bavarde. Il appartient à la jeune génération qui monte des pièces pour elle-même, à défaut de danser pour ses aînés. À 28 ans, il a déjà une douzaine d’ouvres inscrites à son répertoire. Ces jours-ci, il présente un duo aux maisons de la culture dans le cadre du programme Les Printemps de la danse. Et bientôt, sept danseurs interpréteront, à Tangente, sa dernière chorégraphie, Et si je gouvernais ma légèreté.
«Ma première création, c’était une boule de feu, complètement désorganisée. Aujourd’hui, mes pièces sont plus structurée, raconte-t-il. Elles ont toujours beaucoup d’énergie, mais celle-ci est placée aux bons endroits.» Malgré une feuille de route enviable pour un
chorégraphe de son âge, il avoue sans ambages être satisfait de son travail longtemps après avoir livré la marchandise. Sa principale difficulté: vouloir la perfection à l’instant même. «Je veux que ma chorégraphie soit belle, valable, vitale, humaine, magique, quoi!»
Cette urgence de se réaliser lui joue un mauvais tour: il parvient difficilement à mémoriser les mouvements d’une danse, un handicap majeur pour un chorégraphe ou un danseur. «Mon corps dit non à quelque chose que je ne parviens pas à identifier. Ça me prend une éternité avant de trouver l’énergie qui me donne du plaisir sur scène. Va savoir pourquoi, quand je danse en groupe je n’ai pas ce problème», précise le chorégraphe-danseur qui a connu ses premières sensations fortes (et ses premières heures de gloire) sur le plancher du Café Campus.
Mais celui ou celle qui a vu danser Emmanuel Jouthe devine que sa principale force se trouve dans sa façon de bouger. Les chorégraphes Paul-André Fortier, Pierre-Paul Savoie et le Berlinois Félix Ruckert n’ont pas hésité à l’embaucher pour leur dernière pièce. «Quand j’arrive à maîtriser les mouvements, je transmets une belle énergie. Je suis quelqu’un de physique qui dégage une certaine nonchalance (qui lui vient sans doute de ses origines haïtiennes, croit-il). Je n’ai peut-être pas de mémoire, mais j’offre en retour une belle décharge émotive», ajoute-t-il.
Cette décharge émotive se retrouve toujours en première place dans ses ouvres. Le chorégraphe s’inspire de ce qui se passe autour de lui – «Je fais tout un baratin gestuel à partir d’un simple mouvement du quotidien.» -, et donne beaucoup de latitude à ses danseurs, qui ont le même âge que lui. Fait exceptionnel en danse, il emploie des musiques populaires ou alternatives signées par Bob Marley, Jacques Brel ou David Darling, par exemple. «Elles sont agréables et conviennent bien à mon travail.»
La plupart des pièces d’Emmanuel Jouthe ont été réalisées à l`intérieur de la compagnie Danse Carpe Diem, un regroupement de chorégraphes-interprètes formés à l’UQAM. Quelques-unes ont été vues au dernier Festival international de nouvelle danse, au Festival Canada Danse et à Palerme, en Italie. L’expérience lui permet de réaliser certaines choses sur lui-même: «Je tends à devenir plus calme, ce qui n’est pas mauvais en soi. Quand je revois mes pièces, je les trouve trop denses, trop pathétiques. Et je me dis: "Ça ne se peut pas que je sois comme ça!?"»
Du 22 au 25 avril
À Tangente
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