Faites de beaux rêves
Réunis autour d’une table, les comédiens joignent leurs mains le temps d’un cri de ralliement. À quelques minutes de la première représentation de Faites de beaux rêves, une fébrilité digne d’un match d’impro fait vibrer le Building Danse.
La salle est pleine de curieux appâtés par l’alléchante proposition du Théâtre officiel del Farfadet: 15 comédiens, cinq par soir, jouant une pièce qu’ils n’ont jamais répétée ensemble. Un laboratoire idéal pour tenter l’expérience du jeu spontané.
Sans offrir de moments de grâce, les comédiens (ce soir-là: Louis-Martin Despa, Danny Gilmore, Mélissa Curzi, Mario Saint-Amand et Valérie Lemaire) s’amusent visiblement sur scène. À l’écoute de leurs partenaires, constamment sur le qui-vive, ils tirent avec intelligence leur épingle de ce jeu inusité.
Dans l’ensemble, Faites de beaux rêves se déroule sans anicroche. Il y a, bien sûr, quelques hésitations qui font sourire un public complice, ainsi qu’un incontournable fou rire (Mario Saint-Amand entraînant Louis-Martin Despa avec lui). Mais, outre ces petites flammèches et quelques pointes d’humour, rien ne vient mettre véritablement le feu aux poudres.
Aussi extravagante soit-elle dans sa (non) mise en scène, la pièce de l’Américain Ralph Pape est une ouvre d’une banalité désolante: à la fin des années soixante-dix, cinq jeunes adultes se retrouvent avant de se rendre à une soirée d’anciens de leur école secondaire et (ô surprise!) en profitent pour faire un bilan pas très reluisant de leur vie. Du comédien sans emploi, qui doute de son talent, à l’hôtesse de l’air qui aime s’envoyer en l’air, les personnages de Faites de beaux rêves frôlent dangereusement la caricature. Dommage que les rares réflexions sur le jeu, qui émaillent leurs propos, ne rachètent pas l’insignifiance de ce texte.
Cela dit, la beauté de ce projet est d’offrir chaque soir un spectacle unique. Les représentations à venir pourraient être fort différentes de la première…
Au Building Danse
Jusqu’au 24 avril
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