Tassy Teekman : La légèreté de l'être
Scène

Tassy Teekman : La légèreté de l’être

Avec le temps, TASSY TEEKMAN découvre de nouvelles perspectives chorégraphiques. Elle présente, à Tangente, la reprise d’un solo avec le danseur KEN ROY, et un trio inédit.

Pour Tassy Teekman, la création constitue une bouffée d’oxygène, un moyen d’échapper au rythme effréné de la vie quotidienne. La semaine prochaine, la chorégraphe, qui est aussi directrice artistique et professeure aux Ateliers de danse moderne de Montréal, présente à Tangente la reprise d’un solo, Soli, avec le danseur Ken Roy, et un trio inédit, Au pays des petites merveilles.
Pour cette nouvelle chorégraphie réunissant les danseurs Ken Roy, Anne Le Beau et Blair Neufeld, cette ancienne danseuse ayant travaillé pour Jean-Pierre Perreault ne s’est imposé aucune balise ni aucun thème. «J’ai longtemps créé des pièces sombres et sérieuses, qui abordaient les conflits de la vie. C’est à la création du Sceau du secret (1996) que j’ai fait davantage place à l’intuition et aux danseurs.»

Après n’avoir longtemps travaillé qu’avec des femmes, Tassy Teekman découvre de nouvelles perspectives chorégraphiques grâce à la présence des hommes. «Auparavant, j’avais tendance à comparer le travail d’interprétation des danseuses et mon propre travail. Avec un danseur, les mouvements prennent une tout autre dimension.»

Comme beaucoup de chorégraphes de sa génération, Tassy Teekman préfère les danseurs affichant une longue feuille de route, et avec lesquels elle a l’habitude de travailler. C’est la première fois cependant qu’elle fait appel au talent de Blair Neufeld. Comme elle, il a appartenu au Groupe de la Place Royale à Ottawa, un lieu où bon nombre de danseurs et chorégraphes québécois ont fait leurs classes. «Ce danseur est capable de pousser très loin une émotion. Sur scène, il a une écoute extraordinaire de ce qui se passe autour de lui, une qualité que partagent aussi Anne et Ken.»

Autre changement dans la danse de Tassy Teekman: elle a développé une technique plus élaborée en prenant soin de ne pas tomber dans le formalisme. Pour chaque danseur, elle a inventé une gestuelle spécifique, privilégiant la sensibilité et la vulnérabilité. Cela donne une danse parsemée de clins d’oil et de moments sérieux. «Tant qu’à osciller entre la légèreté et la lourdeur, je me suis dit: "Allons-y à fond."»

Si elle s’était écoutée, aucune musique n’accompagnerait sa dernière création. «Je l’ai montée comme une partition musicale. Vu que la structure est très rythmée, ajouter de la musique aux mouvements me semblait superflu. Mais comme je ne voulais pas faire fuir le spectateur, j’ai fait faire une bande composée de bruits discrets», précise-t-elle.

Sa pièce n’est pas encore terminée que son imagination gambade déjà du côté de sa prochaine chorégraphie. Pour celle qui a découvert les plaisirs de la création tard dans sa carrière, il n’est pas question d’arrêter en chemin. «J’ai un besoin inné de communiquer, dit-elle. On vit dans un monde où l’on doit énormément travailler pour réussir. La création est le seul endroit où je parviens à me débarrasser de mes attentes, et à être enfin libre.»

Du 29 avril au 2 mai
À Tangente
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