Sept Façons d'apprêter un cadavre : Jouer dehors
Scène

Sept Façons d’apprêter un cadavre : Jouer dehors

Rebaptisée «complexe environnemental de Saint-Michel», l’ancienne carrière Miron est «le plus grand site archéologique de Montréal», selon Dominique Leduc, cofondatrice de la troupe Momentum. Elle a choisi ce lieu inusité pour sa mise en scène de Sept Façons d’apprêter un cadavre, la cinquième des 12 Messes pour le début de la fin des temps.
Assis sur 60 mètres de déchets, bien installés au-dessus d’un trou rempli d’immondices et recouvert d’un tapis de gazon clairsemé, les spectateurs attendent le début de la représentation. Droit devant eux, un dépotoir: près de deux kilomètres carrés de terrain inégal, parsemé de débris et sillonné de camions. Des nuages de goélands se déplacent dans le ciel. Fait étonnant, l’endroit est «propre»: ici, les rebus pourrissent, un peu comme les cadavres, six pieds sous terre.

D’entrée de jeu, une étonnante famille s’installe dans un décor qui tient plus de la cuisine de bungalow que du bidonville. En toile de fond, le dépotoir baigné par les rayons du soleil couchant. Toute la smala s’assoit devant la télé. Jusqu’ici tout va bien… Puis Paparman (Michel Monty) s’écroule. Refusant d’accepter ce décès impromptu, Momzy (Dominique Leduc), Fifils (Jean Turcotte) et Fifille (Brigitte Poupart) tentent de trouver un utilité à ce mort plus encombrant qu’un sac vert.

Les péripéties de cette famille dysfonctionnelle, munie de micros, se déroulent dans un environnement sonore inventif concocté par Jean-Frédéric Messier (en collaboration avec la chorale des mouettes de Montréal!). Les personnages parlent une langue étrange et déconstruite, mâtinée de syllabes inversées et de jeux de mots. Ainsi, Momzy dira à son fils fébrile: «Fiston, composte-toi, je t’en prie!»

À l’image des précédentes «messes» de Momentum, Sept Façons… est une pièce artisanale et inventive, pleine d’humour, mais au propos mince, voire confus. Malgré qu’ils soient bien ciselés, les dialogues de Michel Monty nous laissent sur notre faim, avec des questions plein la tête.

Ceci dit, cette réflexion sur la quête de sens et le sacré a le grand mérite d’offrir aux curieux une «expérience sensorielle» inoubliable dans un endroit méconnu (qu’il est possible de visiter, avant la représentation, à bord d’un autobus). On est loin de la Cour d’honneur du palais des Papes, d’accord, mais il s’agit tout de même d’un magnifique terrain de jeu. Du théâtre trash à ciel ouvert? Pourquoi pas…

Au Complexe environnemental de Saint-Michel
Les 13 et 14 mai
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