Au-dessus de la chute Montmorency erre une ombre mystérieuse, dit la légende. Elle a donné son nom au Théâtre de la Dame Blanche, qui ouvre sa saison avec Vivement lundi!, comédie de Carole Tremblay.
Dès l’entrée, deux espaces juxtaposés s’offrent à l’oil du spectateur: d’un côté, le salon de Josette et Jérôme (Andrée Vachon et Jack Robitaille), de l’autre, celui de Lise et Paul (Érika Gagnon et Denis Lamontagne). Le début de la pièce fait rapidement entrer le spectateur dans leur intimité; se dévoilent alors les manies et les frustrations de chacun.
Ainsi s’affrontent l’obsession du ménage de Lise, qui entre en scène rangeant et astiquant, et l’intérêt exclusif de Paul pour sa collection d’insectes. Dans le salon voisin, le désir d’une escapade à deux exprimé par Josette se heurte à l’indifférence de Jérôme qui lui répond distraitement, absorbé par une joute à la télévision. Il n’en faut pas plus pour que ce gentil samedi matin, que les deux couples comptaient passer en amoureux, ne se gâte, et que ces «scènes de la vie privée» ne tournent en «scènes de ménage», se terminant sur des portes qui claquent.
Les amis se retrouvent alors, Lise et Josette, Paul et Jérôme, pour former deux autres «couples» tout aussi dysfonctionnels, chacun traînant avec soi ses manies, ou reproduisant celles qu’il reproche à son partenaire. Dès lors, séance de défoulement de part et d’autre, tentatives pour se consoler, et même – on y arrive presque – pour se réconcilier. Mais le constat est clair: «les femmes sont toutes pareilles», déclarent les uns; «les écourants», concluent les autres.
L’intrigue et les scènes qui parfois se suivent, parfois s’entremêlent, divertissent, bien sûr. Les personnages caricaturaux amusent, évidemment. Toutefois, c’est la mise en scène rythmée et inventive de Lise Castonguay, et le jeu coloré des comédiens, qui ajoutent à leurs personnages des tics les rendant plus humains et attachants, qui surtout font rire. Mais ce talent et cette énergie suffisent-ils à sauver un texte qui s’éparpille un peu en deuxième partie, et devient lassant à la longue? Il y a peu d’originalité dans cette pièce au propos usé qui sert cliché sur cliché, à un point tel qu’on en vient à se demander si l’auteure ne les endosse pas elle-même. Restent tout de même la mise en scène, le jeu… et la beauté de l’endroit.
Jusqu’au 28 août
Au Théâtre de la Dame Blanche