Théâtre des Ventrebleus : L'autobus du showbusiness
Scène

Théâtre des Ventrebleus : L’autobus du showbusiness

Ils ont beau être des bleus, les jeunes comédiens du Théâtre des Ventrebleus ne craignent rien: la troupe, formée de sept acteurs issus du collège Lionel-Groulx (promotion 98), installe son spectacle, Le Capitaine Horribifabulo, à Montréal pour trois semaines, en pleine torpeur théâtrale… Et, qui plus est, dans le temple du burlesque, devenant ainsi les premiers membres de «la relève» à se produire au Théâtre des Variétés, généralement fermé durant la morte-saison.

«C’est un risque intéressant d’amener un théâtre comique différent de ce qui se fait d’habitude, note Simon Boudreault, coauteur de la pièce avec Geneviève Simard. On veut créer des spectacles fantaisistes qui s’adressent à tout le monde; faire rêver enfants et adultes avec des univers très colorés. Et pouvoir aller dans un humour aussi bien physique que textuel, dans le comique de situation, de caractère, comme dans l’absurde. C’est pour ça qu’on s’inspire, pour ce spectacle, de Molière, de Shakespeare, de la commedia dell’arte, de l’absurde et du burlesque.» Tout un programme…

La troupe propose en fait «un théâtre d’été à Montréal», rompant avec le désert scénique que devient la métropole durant la saison chaude et offrant une alternative rafraîchissante au théâtre «ciel mon mari!», qui constitue l’essentiel du menu estival. «Le théâtre d’été est toujours associé à quelque chose de péjoratif, déplore Anne Paquet. Alors que du divertissement, ça peut être très intéressant, et c’est pas nécessairement niaiseux parce que c’est léger. On s’est rendu compte qu’il n’y en avait carrément pas à Montréal, à part les grosses productions Juste pour rire.»

Le pari peut sembler audacieux, mais ils se sentent prêts pour cette étape. Il faut dire qu’ils ont présenté Le Capitaine Horribifabulo 38 fois déjà, dans toutes les manifestations possibles: de La Petite Licorne (à deux reprises) au Festival Fringe, des maisons de la culture montréalaises au Festival d’été de Québec. Ils ont testé la pièce, mise en scène par toute la bande, devant des publics des plus diversifiés, et récolté chaque fois un accueil «très chaleureux».

Truffé d’anachronismes et de clins d’oil, multipliant les jeux scéniques, ce spectacle axé sur le plaisir du jeu raconte les efforts du Capitaine pour monter son Roméo et Juliette – «il prétend que Shakespeare lui a volé l’idée» -, réquisitionnant, de gré ou de force, les personnages bariolés qui gravitent autour de lui. Des figures bâties selon les désirs de chacun des huit interprètes, qui se les sont ainsi appropriées. La pièce se termine par du théâtre dans le théâtre, une représentation maladroite et passablement différente de l’histoire célèbre des amants de Vérone, on s’en doute…

Ce show qui privilégie l’aspect festif du théâtre et l’esprit de troupe, les Ventrebleus
l’ont proposé aux Variétés parce que c’est un théâtre «très proche des gens». En retour, Olivier Latulippe, qui tente désormais de diversifier la vocation particulière de la salle, a accepté le projet «parce qu’il pensait que le public allait aimer ça». La troupe, qui caresse d’autres projets – des adaptations, très libres, du Christmas Carol de Dickens, et d’une bande dessinée de Fred – aimerait bien séduire le public traditionnel qui débarque rue Papineau.

«Je pense que ça peut plaire à des autobus de personnes âgées, dit Simon Boudreault. On espère que cette clientèle va dire: "Ah, une pièce différente de ce qu’on voit d’habitude, on va y aller!" Mais, à l’inverse, on espère aussi faire taire le stéréotype du milieu par rapport au Théâtre des Variétés, comme quoi c’est le théâtre des autobus. On veut essayer d’attirer les deux catégories de spectateurs, et que tout le monde passe outre à un préjugé facile.»

Du 7 au 31 juillet
Au Théâtre des Variétés
Voir calendrier Théâtre