Franck Dubosc : L'art du faux
Scène

Franck Dubosc : L’art du faux

Au Cabaret, dans la série Les Sept péchés capiteux, le Festival Juste pour rire nous convie à découvrir le premier spectacle d’un stand-up français qui surfe sur l’art du second degré. Contes d’un temps flou.

Depuis plusieurs années déjà, le Festival Juste pour rire lance un pont entre la France et le Québec pour nous faire découvrir des artistes populaires dans leur pays mais inconnus ici. Avec des ratés et des succès.

Cet été, un humoriste risque de faire parler de lui (si son matériel traverse bien l’Atlantique). Il se nomme Franck Dubosc, et il appartient plus à l’école du stand-up anglo-saxon, qu’à celle de l’humour à sketchs à la mode en France. Dans le paysage des humoristes français issus des café-théâtres, il est donc très américain, bien que ses références demeurent résolument françaises (Pierre Palmade, Murielle Robin…).

Dans le cadre de la série Les 7 Péchés capiteux, Franck Dubosc présentera son premier one man show pendant huit soirs au Cabaret, dès le 9 juillet. (Parmi les autres humoristes de cette série du Festival Juste pour rire, mentionnons: Les Chick `n Swell qui ont choisi l’absurdité; Pierre Prince, avec la fidélité; Christophe Alévêque, avec l’orgueil; et les Grandes Gueules – José Gaudet et Mario Tessier – qui tomberont dans le vice. Pour les dates, vous pouvez consulter le calendrier Humour.).

Le péché de Franck Dubosc, c’est le mensonge. Seul sur scène, le comédien de 35 ans incarne un mythomane très prétentieux et un peu macho, qui ressemble à un drôle de croisement entre Jerry Seinfeld et le Capitaine Bonhomme (le premier, pour son côté charmeur, fantasque et politiquement incorrect; le second, pour sa fabulation légendaire).

Les Québécois pourront assister au Cabaret à une version réduite de son spectacle créé le printemps dernier à Paris, et que Voir a vu au Théâtre de Dix-Heures, une salle intermédiaire de 140 places près de Pigalle. Conçu et écrit avec la complicité de son metteur en scène, Arnaud Lemort, ce spectacle s’avère vaguement autobiographique. «Tous les comédiens sont un peu mythomanes et cabotins, confiait Dubosc, lors d’une entrevue à Paris en juin dernier. J’ai grossi mes défauts, les traits désagréables de mon caractère. Mais il y a des choses que mon personnage dit ou fait sur scène qui ne me ressemblent pas du tout!»

Que fait-il, au juste, ce «bon et beau Dubosc»? Il pilote un Boeing 747 en détresse. En Amérique du Sud, il sauve un village de l’emprise d’un tyran, et devient «le pacificateur aux yeux bleus». À Bali, il affronte une demi-douzaine de requins pour sauver un top-modèle de la noyade. Puis, il tentera de la séduire dans l’ascenseur de son hôtel. L’humoriste exécute alors un hilarant play-back de Question de feeling, la chanson de Fabienne Thibault et Richard Cocciante.

La vie de ce Casanova des temps modernes est pleine de rebondissements que le comédien illustre à merveille, grâce à son charisme, à son jeu très physique et à son sens du timing. Ce n’est pas la moindre des qualités de ce spectacle à la mise en scène bien réglée et à l’écriture précise. «Même les hésitations sont écrites», dit Dubosc.

Par-delà ces récits qui, au fil des numéros, deviennent de plus en plus absurdes, Franck Dubosc se fait aussi le témoin de son époque et de sa génération. De ceux qui trouvent si facilement refuge dans le cynisme pour mieux faire accepter leur paresse intellectuelle.

Si les récits de Dubosc sont basés sur le faux et le risible, les valeurs véhiculées à travers ses gags sont bel et bien véridiques. Ce sont celles de notre monde ultra-compétitif, dans lequel même la séduction semble cotée en Bourse (en plus d’être menteur et tricheur, ce personnage est aussi un dragueur compulsif).

Sous les «exploits» de cet Indiana Jones français se cache une immense peur de l’échec et de l’ennui. En grattant sa carapace, on découvre que notre surhomme est plutôt un gars ben ordinaire qui se ment à lui-même.

En ce sens, comme tous les bons humoristes, Dubosc a inventé un personnage autant tragique que comique. Ce qui explique, en partie, le succès de son spectacle qui reviendra dans une plus grande salle parisienne l’automne prochain.

Les 9, 10, et du 13 au 18 juillet
Au Cabaret
Voir calendrier Humour