Le Capitaine Horribifabulo : Les enfants terribles
Parent pauvre des arts de la scène une fois la saison des festivals venue, le théâtre se fait tout doucement une place sous le soleil de la métropole. Le farniente qui s’emparait du beau milieu à l’approche des jours chauds, doublé de l’exode de plusieurs artisans vers les théâtres d’été, cèdent le pas à quelques initiatives rafraîchissantes, dont la présentation au Théâtre des Variétés d’une création de «la relève».
Encore verts, diplômés du collège Lionel-Groulx en 1998, les sept membres du Théâtre des Ventrebleus, auxquels se greffe un finissant de l’École nationale de théâtre, offrent au public montréalais du théâtre d’été… sur le Plateau! Le Capitaine Horribifabulo est en effet un véritable patchwork d’influences qui s’inspire de la commedia dell’arte et mêle habilement des valets taquins et des maîtres fourbes à des clins d’oeil et à de multiples références. «Je prends mon bien où je le trouve»: cette maxime du célèbre Poquelin aurait pu servir de leitmotiv à ce spectacle haut en couleur coécrit par Geneviève Simard et Simon Boudreault…
D’entrée de jeu, les personnages se présentent à tour de rôle au public sur un air de fête. Leur aisance est frappante, et pour cause: depuis trois ans, les Ventrebleus ont fait voguer leur Capitaine sur des dizaines de scènes. L’homme qu’ils ont imaginé, un être à la fois horrible et fabulateur, annonce qu’il mettra en scène une pièce (Roméo et Juliette) qu’il a écrite. Ses proches, avides de gloire, tenteront par diverses flagorneries d’être choisis pour interpréter l’un des amants de ce futur classique. Avec des femmes persifleuses ou simplettes et des hommes avares et poltrons, cette farce ne réinvente pas la roue. Mais les auteurs se sont amusés à puiser dans leurs souvenirs estudiantins, ce qui donne lieu, entre autres, à une scène délirante sur la mémorisation et les dangers de schizophrénie pour les acteurs.
Avec leurs bouilles et leurs gestes expressifs, les huit comédiens offrent de solides compositions qui font s’esclaffer le (bon) public du Théâtre des Variétés. En valet simple d’esprit, Éloi Cousineau est particulièrement hilarant et forme avec sa dulcinée Malouna (Catherine Ruel) un duo irrésistible. La pièce s’essouffle cependant après un entracte inutile, tandis que les personnages présentent leur version de la tragédie du grand Will.
Cela dit, les Ventrebleus n’ont pas à rougir de la création qu’ils présentent dans la vénérable salle de l’avenue Papineau. Le plaisir évident qu’ils éprouvent à faire rire le public en fait les dignes petits-enfants d’Olivier Guimond, de Manda Parent, de Gilles Latulippe et de la Poune…
Au Théâtre des Variétés
Jusqu’au 31 juillet
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