Poséidon en répétition dans Les Troyennes le jour, ombre dans la Maison des frissons à l’Expo le soir: Hugues Frenette se consacre à ces extrêmes, prenant autant de plaisir à incarner l’un que l’autre.
Pour ce jeune comédien de Québec, qui a fini au Conservatoire en 1996, l’un des grands plaisirs du théâtre est le risque. Le risque de jouer telle pièce, le risque de se jeter dans des personnages souvent éloignés de lui, le risque de se livrer, seul devant le public. Et des risques, Hugues Frenette en prend: il sera, cette saison, de cinq productions à Québec, où il jouera les rôles les plus divers.
Il a d’abord joué à Montréal, où il a travaillé entre autres avec des metteurs en scène qu’il retrouvera cette saison: Wajdi Mouawad et Claude Poissant. À Québec, on l’a vu pour la première fois au printemps 1998 dans Les Guerriers de Philippe Minyana, mis en scène par Gill Champagne.
Son idéal? «Jouer jusqu’à 70 ans!», déclare-t-il, affirmant ainsi son admiration pour ceux qui, comme Paul Hébert, Jean Guy et Roland Lepage, consacrent leur vie au théâtre. Les auteurs qu’il rêve de jouer? «Ce que je joue, c’est ça qui me tente le plus.» Quand on voyage d’une tragédie d’Euripide à un texte de Reynald Robinson, en passant par Molière, Musset et Virginia Woolf, comme il le fera cette saison, comment ne pas être comblé?
Dangereux de se brûler en acceptant autant de rôles? Hugues Frenette ne le croit pas. Il aime ce qu’il appelle en souriant «l’adversité». De là son désir de toucher à différents auteurs, de se donner à vaincre des difficultés toujours nouvelles.
Ascète? Kamikaze? Non. Pour lui, la difficulté permet de franchir de nouvelles étapes, d’aller plus loin dans son art et d’aller plus loin en soi, et, ainsi, d’atteindre la sincérité. Elle est, pour lui, fondamentale au théâtre; elle seule permet d’être crédible et de captiver le spectateur. Pas étonnant, dès lors, d’apprendre que son rêve, devant toutes ces pièces qui s’offrent à lui, serait d’être chaque fois méconnaissable.