Louis Champagne : L'amère à boire
Scène

Louis Champagne : L’amère à boire

Jadis, on refaisait le monde autour d’une bière… Aujourd’hui, on crée plutôt des shows de théâtre. Un jour, un étudiant de l’UQAM va sûrement rédiger un mémoire de maîtrise sur le sujet. Un répertoire des pièces québécoises imaginées en buvant un bock dans un pub du Plateau-Mont-Royal! En attendant, on peut toujours aller voir L’Homme des tavernes, une pièce en trois actes de Louis Champagne, dans laquelle la bière coulera à flots.

Il faut suivre ses passions, dit-on. Pour Louis Champagne, impossible n’est pas français. Après l’expérience du Grand Théâtre Émotif (la défunte troupe qui avait défrayé la chronique, au printemps 1996, quand L’Escouade de la moralité de la SPCUM avait censuré son spectacle Nudité, à Espace Libre), il a voulu explorer d’autres aventures théâtrales. «Au départ, je voulais écrire pour des comédiens talentueux qu’on ne voit malheureusement pas beaucoup sur les scènes et avec qui (ce sont des copains) j’allais prendre parfois une bière», explique l’auteur-acteur et metteur en scène en sirotant une pression, à la Taverne Fullum… J’ai donc fondé le Grand Théâtre des Hommes; c’est un peu pompeux mais je trouve ça beau. Mais j’aimerais aussi lancer le Grand Théâtre des Femmes de Montréal, puis celui des gros, des minces, des vieux…»

Comme si cela ne suffisait pas, Louis Champagne a confié le personnage principal de L’Homme des tavernes à un illustre inconnu, Jacques Caron, ou Monsieur Coco. «Je lui avais promis de lui écrire un pièce, explique Champagne. Il croyait que c’étaient des promesses en l’air… Puis, je lui ai téléphoné au mois de mai, pour lui dire que j’avais terminé la pièce et que les répétitions allaient commencer. Depuis, c’est sa femme qui s’ennuie…»

De la petite vie tranquille dans un bungalow de Fabreville à l’aventure théâtrale dans l’Est de Montréal, ce retraité de chez Kraft, qui a bien des histoires de tavernes en mémoire, se prête volontiers à l’aventure. Bien qu’il avoue avoir déjà des papillons dans l’estomac.
«À 20 ans, je voulais une job stable, avec une paye à toutes les semaines, fonder une famille. On ne pensait pas à ces choses-là. Mais au fond de moi, je me voyais parfois au-dessus de l’affiche.»

C’est probablement la proposition théâtrale la plus éclatée et originale de la rentrée. L’Homme des tavernes se définit comme \une tragi-comédie-country documentaire (sic), avec 22 interprètes: 21 hommes et seulement une femme. («Une brochette d’acteurs de 4183 livres», peut-on lire dans le communiqué de presse que la troupe nous a fait parvenir dans une boîte de pizza! Parmi ceux-ci, Sylvio Archambault, Daniel Desputeau, Stéphane Crête, Gabriel Sabourin, Patrcie Godin et Denis Trudel. Et aussi le de frère du chanteur country Garth Brooks, Farth Brooks.)

L’histoire raconte une journée dans la vie de Monsieur Coco, un propriétaire de taverne country depuis 42 ans. Un matin, il apprend qu’aujourd’hui sera son dernier jour sur terre. Monsieur Coco va alors décider de faire quelque chose de révolutionnaire pour célébrer ce moment ultime: ouvrir son débit de boissons aux femmes. Mais Coco va découvrir que ce ne sont pas seulement certains bars gais du Village qui résistent à accueillir la gent féminine…

De l’avis de Stéphane Crête, l’un des fondateurs du Grand Théâtre Émotif et grand pote de Louis Champagne, le jeune homme de théâtre a «un côté mégalomane, et il a écrit un show à l’ampleur de son physique…»

«À dix jours de la première, je travaille à donner un rythme au spectacle. Ce qui est dur dans ce genre de gros show, c’est de trouver une unité, un souffle, explique le metteur en scène.»

À quoi peut s’attendre le spectateur? «Les gens du milieu vont trouver que c’est du théâtre expérimental, pense Champagne. Mais, pour moi, c’est aussi un show très populaire, avec des répliques sorties du théâtre d’été. Finalement, si on ne joue pas dans une vraie salle, c’est surtout parce qu’on n’a pas de budget… »

Du 14 septembre au 2 octobre
À la Taverne Fullum (rue Ontario coin Fullum)
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