«Il n’y a plus de talons hauts», dit le nouveau directeur artistique en riant à propos du tout dernier spectacle des Ballets jazz. Louis Robitaille, dont le nom a longtemps été associé aux Grands Ballets canadiens, confirme en effet, depuis deux ans, le virage amorcé par son prédécesseur et ancien camarade de scène, Yvan Michaud. Les Ballets jazz se définissent désormais comme une compagnie néoclassique.
Si le style a changé, la personnalité demeure et les danseurs de la compagnie y sont pour beaucoup. À fleur de peau (With Soul, en anglais) leur rend hommage. «C’est un spectacle qui dégage beaucoup de sensualité, beaucoup d’énergie, affirme le nouveau venu. Ce qui m’a frappé quand je suis arrivé à la compagnie, c’est la générosité des interprètes. Ils sont très à fleur de peau. Il y a beaucoup d’émotion. Ils se donnent sans compter. Ce sont des gens qui ont beaucoup d’âme, de coeur au ventre, qui dansent avec leurs tripes.»
Haut en contraste, ce premier programme élaboré par Louis Robitaille a cependant un fil conducteur: la musique jazz. Des airs de Gavin Bryars, Bobby McFerrin, Timothy Sullivan et Albert Sterling Menendez. Le célèbre danseur, toujours à la recherche de défis, ouvre la soirée en descendant du ciel le long d’une corde lisse pour poursuivre sa danse au sol. Premier souffle est en fait un collage: Gilles Lacroix et André Simard, artistes de cirque, ont créé la première partie, Myriam Naisy, chorégraphe française, la seconde. Dans Circle Song, Shawn Hounsell évoque l’éternel cycle de la vie, la trajectoire circulaire des éléments de l’univers. Un mouvement d’ensemble pour sept danseurs, très exigeant du point de vue rythmique.
Une toute autre ambiance attend le public après l’entracte. Les quatre duos d’entre-deux se succèdent, chaque couple révélant une dynamique amoureuse interne qui lui est propre. Au passage, Dominique Dumais y donne au public la chance d’admirer Louis Robitaille. Celui-ci a réservé No Strings Attached pou le dessert. «C’est une bombe!» affirme-t-il. Une démonstration du plaisir de danser qui fait, selon lui, l’unanimité en Asie comme en Amérique. La chorégraphe de jazz Mia Michaels, qui travaille également du côté de la vidéo, s’est inspirée de New York et des danses de rue. «No Strings est vraiment la personnalité des Ballets jazz des années 70. C’est l’énergie à l’état pur.»
Dans l’ensemble toutefois, les nouveaux collaborateurs des Ballets jazz sont plutôt les héritiers de chorégraphes néoclassiques comme James Kudelka, Jiri Kylian ou William Forsythe. S’il ne peut se payer ces grands noms comme le font les Grands Ballets canadiens, Louis Robitaille fait le pari que ses poulains seront les prochains à leur succéder. Il accepte de prendre certains risques en abordant les nouvelles tendances. «De la danse de création néoclassique, il n’y a personne qui en fait à Montréal», explique-t-il.
Les projets du nouveau directeur amènent les danseurs des Ballets jazz sur des voies inconnues: improvisation, interprétation théâtrale, chant. Il annonce d’ailleurs une prochaine collaboration avec Robert Lepage pour l’utilisation de la vidéo. Pas question cependant de jouer dans les plates-bandes des compagnies de danse moderne. Louis Robitaille demeure fidèle aux bases classiques qui, il faut le dire, l’ont bien servi jusqu’à maintenant.y
Le 13 septembre
Au Grand Théâtre
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