Les Laurentides – de l’isolement au coeur du monde : Hors-piste
La salle Fred-Barry inaugure une saison théâtrale particulièrement riche en créations de la relève avec la présentation des Laurentides – de l’isolement au coeur du monde, du Théâtre Kafala. Les finalistes dans la catégorie Révélation de l’année, en 1997, au Gala des Masques, y proposent une petite virée fantaisiste au coeur du Québec, «une histoire plus grande que nature», précise-t-on dans le prologue, concoctée par Lük Fleury et mise en scène par Hugues Fortin.
Avec cette troisième création, le Théâtre Kafala (Le Choeur des silences, Richard moins III) nous transporte dans un village situé aux abords d’une réserve faunique, où des créatures isolées travaillent pour une compagnie énigmatique et trompent leur ennui en organisant des festivals et en tournant un documentaire sur «ceux qui restent ici plus de deux jours». Les habitants de ce no where seront secoués par l’arrivée d’un «survenant» charmeur (Johans-Karl Gagnon). Tandis que sa voiture est prise en otage par le garagiste dont il a écrasé le chat, le bel étranger s’éprend de Fjord (France Villeneuve), une peintre qui a toujours «une idée derrière la tête», avant de flirter d’un peu trop près avec la grande faucheuse lors d’un terrible accident.
Derrière cette histoire d’amour naissant, de jalousies et de mort se profile une réflexion plutôt lourdaude sur l’isolement et les effets de la mondialisation sur la planète, dont le village se veut un microcosme poétique. Mais le passage du réel au magique se fait difficilement, et malgré la beauté de quelques passages du texte, le mélange des tons n’est pas toujours heureux. Bien qu’assaisonnées d’onirisme et de répliques poétiques (mais creuses), ces Laurentides sont fades et prévisibles. L’ingénieux dispositif scénique constitué de deux blocs coulissants ajoute toutefois un peu de piquant à la chose…
Ceci dit, les comédiens interprètent avec un plaisir évident des personnages auxquels ils se sont visiblement attachés depuis le début du processus de création, amorcé il y a deux ans. Du lot se détache Shanda Pall. En gestionnaire introvertie, elle fait fuser les rires sans verser dans la caricature. La nature humaine est une source inépuisable d’inspiration dont les artisans du Théâtre Kafala ont visiblement su profiter, même si le texte de Fleury manque de raffinement. Partie remise?
Jusqu’au 25 septembre, à 19 h 30
À la salle Fred-Barry
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