Scène

Rentrée danse : Rhéaume, Wagerer, Robitaille

Ce sont les Ballets jazz de Montréal qui donneront le coup d’envoi à la saison de spectacles dans quelques jours. Par ailleurs, événement rare, le milieu de la danse de Québec fête la rentrée culturelle avec un joueur en plus.

Voir vous l’avait en effet annoncé au printemps dernier: Harold Rhéaume emménage à Québec avec sa jeune compagnie, Le Fils d’Adrien danse. Il s’associe à la Rotonde, qui en est déjà à sa cinquième année de diffusion. Il s’agit d’un retour en ville, puisque le danseur a été formé à l’École de danse de Québec il y a une douzaine d’années. Il a ensuite élargi ses horizons en travaillant pour des compagnies de Montréal et Toronto. Nous avons eu l’occasion de le voir danser avec Louise Bédard Danse et Le Carré des Lombes puis d’apprécier sa création Épitaphe l’automne dernier. Malgré que ses qualités d’interprète soient toujours recherchées, il se consacre à présent exclusivement à la chorégraphie. Gestes sensibles du quotidien urbain, finesse et simplicité, ses oeuvres sont toujours engageantes. Ses personnages, dans l’inconfort de leur tenue de ville, esquissent par moment quelques pas de danse comme nous en ferions tous. C’est peut-être ce qui nous les rend si familiers.

Du 7 au 9 décembre, Rhéaume nous présentera Écho, un solo qu’il danse lui-même tout en manipulant les consoles et les décors. C’est dans le studio de la Rotonde lors d’une résidence de création que la pièce est née, en 1999. Une ébauche avait alors été dévoilée au public. Voici donc l’occasion d’apprécier en version intégrale cette oeuvre autobiographique, où l’on découvre un personnage attendrissant dont les élans d’enthousiasme naïf provoquent par moment le rire. Nul doute qu’il y a du Fred Astaire là-dessous.

En annonçant son retour dans sa ville natale, le chorégraphe disait avoir la ferme intention de développer le goût de la danse auprès des jeunes. Il passe aux actes sans plus tarder avec la présentation d’une toute nouvelle création, Les Cousins, qui vise un public de huit ans et plus. La pièce, qu’il qualifie d’histoire dansée, traite de l’amitié qui se poursuit au fil des ans. Les comédiens Martin Faucher et Daniel Parent se joignent à lui sur scène.

Collaboratrice de la première heure du Cetre chorégraphique de Québec, Lydia Wagerer ouvre la série régulière de la Rotonde. La danseuse et chorégraphe de Québec nous offre À l’orée de tous les paysages, un trio qui fut présenté en première à Vancouver en juillet dernier. Elle s’y intéresse au passage entre la vie et la mort. C’est une pièce plutôt abstraite, qui fait travailler l’imagination, à l’instar d’oeuvres antérieures comme Kinetic Skin ou Presence of Absence. La chorégraphe se démarque par un style précis et personnel qui se moque des conventions esthétiques et des modes. Sa démarche artistique transparaît sur scène: l’émotion naît du mouvement. Elle sera donc à la salle Multi de Méduse du 5 au 7 octobre en compagnie des danseurs Julie Bélanger et Alvin Erasga Tolentino.

Se dépasser de présentations
Fortement engagée dans la revitalisation de la danse dans la capitale, Lydia entame par ailleurs sa quatrième saison de Présentations informelles. Ces soirées se veulent un lieu d’échange entre public et artistes. Si les oeuvres proposées sont parfois inachevées, elles ne manquent pas de substance. On y retrouve autant de jeunes chorégraphes indépendants que des danseurs plus chevronnés qui se paient une folie. Les soirées des 22 et 23 septembre nous proposent trois chorégraphes en solo: Karine Ledoyen, récente diplômée de l’École de danse de Québec, ainsi que deux habituées de la formule, Mary Ann Lacey, de Montréal, et Chantal Bonneville, de Québec. Alexandra L’heureux, issue de l’Université du Québec à Montréal, présente un extrait d’une pièce pour huit danseurs. Les 1er et 2 décembre, on annonce des artistes de New York et d’Amsterdam. Cette année, les représentations auront lieu les vendredis et samedis à 20h, toujours au studio de la Rotonde.

Du ballet!
Les Ballets jazz de Montréal connaissent un nouveau succès à la suite de l’entrée en poste de Louis Robitaille comme directeur artistique il y a deux ans. Le Grand Théâtre saute donc sur l’occaion pour les faire redécouvrir ce mercredi 13 septembre. La compagnie interprétera quatre pièces de jeunes chorégraphes. Robitaille, qui fait lui-même valoir ses talents d’interprète dans deux chorégraphies, compte donner une orientation néoclassique à la compagnie. Dans le vocabulaire de la compagnie, le mot jazz évoquera dorénavant un style musical varié et non pas une danse de plus en plus confinée.

La période d’avant les Fêtes nous ramène chaque année l’incontournable Casse-Noisette. La direction du Grand Théâtre semble décidée à instaurer une seconde tradition en alternant deux productions totalement différentes. Après les Grands Ballets canadiens l’an dernier, nous aurons droit à la version du Ballet Kiev du 30 novembre au 1er décembre prochains. Les illustres Ukrainiens seront de nouveau appuyés par les 12 danseurs de Shumka, une compagnie albertaine qui ajoute une touche de dynamisme au ballet. Ceux qui ont assisté au spectacle en 1998 se souviendront sans doute des décors et costumes dorés et somptueux. Dans l’ensemble c’est une version plus adulte que celle des Grands Ballets, qui laisse davantage place à la danse au détriment de la pantomime. Ce qui n’empêche pas les enfants de goûter à la féerie du spectacle.