Place d’abord à deux grands textes de la dramaturgie québécoise. Ouvrant la saison de la Bordée, la très belle Déposition d’Hélène Pedneault, du 19 septembre au 14 octobre, nous ouvre les secrets d’un interrogatoire, où sont fouillés le passé et le coeur d’une femme accusée de matricide. Certains se rappelleront peut-être le bref passage de la pièce à Québec lors de la Quinzaine Internationale de Théâtre de 1988. La mise en scène de cette confrontation a été confiée à Patric’ Saucier, qui signait l’hiver dernier un surprenant George Dandin. Au Trident, dont la 30e saison se place sous le signe des retrouvailles, une rencontre prometteuse: celle de Michel Tremblay et du metteur en scène Gill Champagne avec À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, pièce qui atteint cette année le même âge que ce théâtre (7 novembre au 2 décembre).
Toujours du Québec, plusieurs créations, à découvrir ou à revoir. À la Bordée, le mystérieux Loup Bleu, marionnette autonome, philosophe et érudit, père d’un Candide pour le moins iconoclaste qui avait gagné les faveurs du public il y a quelques années, se manifeste de nouveau. Cette fois, il fait une incursion du côté de La Bible, que réinventeront pour nous Antoine Laprise et le Théâtre du Sous-Marin Jaune. Le Loup Bleu nous promet bien des révélations, du 31 octobre au 25 novembre. Au Périscope, présentation d’un texte écrit par Philippe Soldevila et Robert Bellefeuille: Exils, à l’affiche du 7 au 25 novembre. Cette coproduction du Théâtre de la Vieille 17 d’Ottawa, du Théâtre l’Escaouette de Moncton et du Théâtre Sortie de Secours de Québec, mise en scène par Philippe Soldevila, revient à Québec après une tournée qui l’a menée, depuis sa création en 1999, à Ottawa, Moncton, Montréal et Limoges. Autre reprise, pour quelques représentations du 13 au 16 décembre au Trident: La Face cachée de la lune de Robert Lepage, spectacle créé l’hiver dernier.
Pour sa septième saison, le Regroupement Premier Acte, logé au Centr International de Séjour, propose également des créations. Du 25 octobre au 12 novembre, la pièce On s’occupe de vos rêves, présentée par le Théâtre Permissif et mise en scène par Jean-François Lessard, nous fait découvrir un même thème vu par deux jeunes auteurs, Philippe Savard et Vincent Champoux, en deux courtes pièces. Du 28 novembre au 10 décembre, Sortie de Secours invite les spectateurs à l’Église Notre-Dame-de-Grâce pour y assister à la pièce Le Temple, texte de Pierre-Yves Lemieux mis en scène par Philippe Soldevila.
Vues d’ailleurs
L’automne théâtral invite aussi à voyager dans la dramaturgie de plusieurs pays. Première étape du périple: la comédie Kvetch, du Britannique Steven Berkoff, présentée au Périscope du 19 septembre au 14 octobre. Lorraine Côté dirige cette exploration du double-langage qu’on se tient constamment en société, nous révélant un univers où se côtoient – et parfois se contredisent – le dit et le non-dit. Suivra, toujours au Périscope, le spectacle Histoires minimales, mis en scène par Marie Dumais à partir de plusieurs brèves nouvelles de Javier Tomeo, un des auteurs hispanophones les plus joués en ce moment en Europe (24 octobre au 4 novembre). Enfin, la pièce Arcadia, de Tom Stoppard, qu’on a pu entendre en lecture l’an dernier, propose des allers-retours du présent au passé à partir d’un même lieu, dans une mise en scène de Bertrand Alain. Au Trident, du 26 septembre au 21 octobre.
La Salle Albert-Rousseau reçoit des productions de Montréal qui, hormis la traditionnelle Broue, présentée du 15 au 18 novembre, sont issues du répertoire étranger. Des textes des États-Unis et de l’Italie: Douze hommes en colère, de Réginald Rose, mise en scène de Jacques Rossi, les 20 et 21 septembre; Ce soir on improvise de Luigi Pirandello, les 8 et 9 novembre, mise en scène de Claude Poissant qui dirigeait les Caprices de Marianne l’hiver dernier; les 12 et 13 décembre, Qui a eur de Virginia Woolf?, d’Edward Albee, mis en scène par Martin Faucher, auteur notamment du collage de textes de Réjean Ducharme À quelle heure on meurt?.
L’heure de la lecture
Comme chaque année, la nouvelle saison apporte de plus sa moisson de lectures, occasions de découvrir, simplement, les mots et les acteurs. Les Lundis du Trident offrent, le 16 octobre, Variations sur un temps du Canadien anglais David Ives, mis en lecture par Marie-Thérèse Fortin. Et le 27 novembre, on pourra assister à Titanica, de Sébastien Harrison, un Québécois originaire de Matane. Du 30 novembre au 3 décembre, le Périscope nous convie à ses Rendez-vous dramaturgiques, véritable festival de lectures ayant connu un vif succès en 1999. La programmation sera dévoilée ultérieurement.
Exercices de style
Autre lieu de découvertes: les exercices publics des élèves du Conservatoire d’art dramatique de Québec. Du 22 au 28 octobre, les élèves de 3e année présentent, sous la supervision de Marie-Josée Bastien, une création élaborée à partir de nouvelles de Milan Kundera, Marguerite Yourcenar, Tonino Benacquista et Guy de Maupassant. Du 10 au 16 décembre, toujours par les finissants, présentation de la pièce Fin d’été à Baccarat de Philippe Minyana, sous la direction de Paule Savard. Enfin, du 18 au 21 novembre, les élèves de 2e année proposent un récital poétique saluant Paul Éluard. Pour tous ces spectacles, l’entrée est libre, sur présentation du laissez-passer disponible 10 jours avant la première de chaque spectacle (information: 643-9833).
L’été indien
Pour étirer un peu l’été, quelques supplémentaires de spectacles présentés cette saison. Prolongation jusqu’au 10 septembre de Faut que j’vous dise…, pièce de Bertrand B. Leblanc jouée par Jean Guy aux Oiseaux de passage, et au Palais Montcalm, du 5 au 10 septembre, une comédie de Goldoni, mise en scène par Denise Filiatrault/b>: Les Jumeaux vénitiens. Dans le rôle-titre (eh oui, deux rôles pour un même comédien…): Yves Jacques, qu’on aura grand plaisir à revoir sur scène.
Vous aviez peur de vous ennuyer cet automne? Voici à coup sûr de quoi vous dégourdir l’esprit et l’imagination…