Théâtre jeunesse : L’enfance de l’art
Le théâtre jeunesse n’a rien à envier à son «grand frère», le théâtre destiné aux adultes. En effet, il offre des spectacles variés, de qualité, pouvant satisfaire les goûts des petits, mais aussi ceux des grands.
Difficile de faire remonter très loin les origines du théâtre pour enfants au Québec. Le théâtre d’ici met du temps à émerger et à s’affirmer, et les spectacles destinés aux plus petits suivent ce mouvement. C’est surtout à partir des années 1970 que le théâtre pour enfants se développe, parallèlement au théâtre féministe. Comme ce dernier, le théâtre jeunesse cherche à donner «une parole à ceux qui n’en ont pas», comme l’explique Louise Allaire, directrice artistique des Gros Becs. À cette époque, le théâtre pour enfants se fait souvent didactique et, comme tous les spectacles du moment, habité de revendications sociales, emboîtant le pas aux autres arts dans le courant de l’affirmation de soi.
Depuis, le théâtre jeunesse a poursuivi cette évolution parallèle à celle du théâtre en général: leurs préoccupations sont semblables, leurs explorations esthétiques, similaires. Le traitement des sujets diffère, toutefois, étant donné que les spectacles pour jeune public s’adressent à des enfants et à des adolescents, donc à de jeunes intelligences en développement. Très proche de l’animation à ses débuts et souvent présenté dans des gymnases, le théâtre pour enfants s’est déplacé depuis une quinzaine d’années vers des salles mieux équipées. Il est aujourd’hui un spectacle construit, bien éloigné de l’agitation qu’évoque souvent, pour certains, l’expression «théâtre pour enfants».
La plupart des compagnies de théâtre jeunesse à Québec possèdent une sérieuse expertise puisqu’elles existent depuis vingt ou vingt-cinq ans. Depuis une douzaine d’années, ces troupes se sont associées pour former Les Gros Becs, qui assume la diffusion des spectacles. Ainsi s’organise une saison «jeune public» à Québec, offrant des productions d’ici et de l’étranger, qui propose cette année deux séries: l’une destinée à la petite enfance, et l’autre aux jeunes adolescents.
Sujets différents, esthétiques variées: le théâtre jeune public touche à tout. Cette saison, il sera question, notamment, d’amitié, de maladie et de mort, de relations parents-enfants, et même d’Edgar Allan Poe. Finies, toutefois, les leçons et la morale: on parle aux jeunes de sujets qui les préoccupent en leur faisant confiance. Et en tâchant, surtout, de raconter de «bonnes histoires», qui offrent aux jeunes un moment d’émerveillement, hors du quotidien.
Selon Louise Allaire, cette rencontre des jeunes avec le théâtre s’avère déterminante: elle permet un contact direct et enrichissant avec l’art. Et parce que les bonnes habitudes, dit-on, se prennent lorsqu’on est jeune, n’est-il pas essentiel que, très tôt, on donne la chance aux enfants d’aller au théâtre? De plus, un coup d’oeil à la programmation suffit à donner envie d’y courir, qu’on soit petit ou grand. Pourquoi s’en priver?