Comme la chorégraphe-danseuse Sarah Williams et quelques autres, Deborah Dunn s’est expatriée à des milliers de kilomètres de la Colombie-Britannique pour tenter sa chance à Montréal. Artiste reconnue à Vancouver, la chorégraphe de 34 ans souhaite se tailler une place dans la ville où évoluent deux compagnies de danse-théâtre auxquelles elle s’identifie: Carbone 14 et O Vertigo. Dunn connaît Montréal pour y avoir étudié et produit des spectacles, à Tangente et au Studio 303. Depuis un an, elle séjourne dans les deux villes. «Ce qui est bien ici, c’est que je peux me consacrer entièrement à mon travail de chorégraphe», confie-t-elle dans un français lent et soigné, appris sur les bancs de l’école.
Il n’a pas été facile pour elle d’abandonner un public conquis, des danseuses fidèles et des contrats de photographie et de scénographie qui la faisaient vivre à Vancouver. «Souvent, les chorégraphes et danseurs de Toronto ou de Montréal considèrent Vancouver comme un endroit secondaire de la danse», dit-elle. Pour nous prouver le contraire, elle livre ces jours-ci à Tangente, dans le cadre de la Série des Majeurs qu’elle partage avec la chorégraphe montréalaise Tassy Teekman, deux reprises et un solo inédit. Des pièces complètement différentes l’une de l’autre qui évoluent chacune dans un décor rouge, noir ou or. Le public du off-FIND a pu récemment avoir un aperçu de ses chorégraphies qui comprennent parfois de la vidéo et des textes, et qui font souvent référence à la danse classique. «Mon travail ne ressemble pas tellement à celui des chorégraphes québécois. Mes mouvements sont sensuels et lyriques. Il y a aussi beaucoup d’humour noir dans mes pièces, cela me permet d’aborder des thèmes durs. Et puis, rire fait partie de ma personnalité.»
Artiste multidisciplinaire, Deborah Dunn s’occupe aussi de la scénographie de ses pièces et de la conception de sa pochette de presse. «Il n’y a que des éclairages dont je ne me suis pas occupée mais j’espère pouvoir y arriver un jour», lance-t-elle. Son goût pour les arts visuels et la chorégraphie remonte à une dizaine d’années alors qu’elle étudiait les beaux-arts à Vancouver. À cette époque, elle adorait peindre des corps nus. Puis, un jour, sans crier gare, elle a entrepris de suivre un cours en danse. Pour le plaisir, tout simplement. «J’étais une élève moyenne. C’est suite à l’invitation de danser une oeuvre de ma soeur chorégraphe que j’ai poursuivi plus sérieusement mon apprentissage.»
Et, contrairement à la plupart de ses collègues qui épousent d’abord une carrière de danseurs avant de devenir chorégraphe, la jeune femme s’est mise-sur le-champ à créer des oeuvres pour elle et pour les autres. «J’ai dansé pour quelques compagnies de Vancouver comme Body Holly Tattoo, mais ce n’est pas quelque chose qui me tente vraiment.»
Et, comme la plupart des chorégraphes, à peine a-t-elle terminé une oeuvre que déjà son esprit vagabonde vers un nouveau projet.
Du 21 au 24 octobre
À Tangente
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