Celle-là : Mémoire vive
Scène

Celle-là : Mémoire vive

Après Cendres de cailloux, présenté en 1994, l’imaginaire de DANIEL DANIS revient habiter le Périscope avec Celle-là, texte qui valut à l’auteur le Prix de la critique et le Prix du Gouverneur général du Canada.

Voix du théâtre contemporain écoutée tant au Québec qu’à l’étranger, l’auteur d’origine saguenayenne affirme faire «un travail de diffraction». Cette approche, «comme un peu à côté du théâtre», il la retrouve chez Gill Champagne qui met en scène, pour la seconde fois, un de ses textes. S’entourant des concepteurs Jean Hazel, Isabelle Larivière et Yves Dubois, le metteur en scène s’inspire pour cette production de photographies de Donigan Cumming, respectant ainsi la vision artistique du Théâtre Blanc dont le travail s’appuie, depuis ses débuts, sur les arts visuels.

De quoi s’agit-il? Après la mort de sa mère, dont il a été séparé pendant la plus grande partie de sa vie, un fils revient dans son logis. Il cherche à comprendre, à recoller des morceaux de son histoire; il sera aidé dans sa quête par «le vieux» habitant au-dessus, témoin du passé.

La pièce ne saurait toutefois se limiter à cette intrigue. Ces personnages, bien que tous présents ensemble sur scène, ne se rejoignent jamais vraiment. Chacun exprime des images de ce qu’il est et de ce qu’est, en définitive, l’être humain. Ainsi surgit un «concert de consciences», comme le dit Gill Champagne, et ainsi assiste-t-on à la «naissance de la parole», pour reprendre l’expression d’Alain Françon, metteur en scène de la dernière création de Daniel Danis à Paris, en septembre dernier: Le Chant du dire-dire.

La pièce Celle-là, «inspirée par la douleur profonde de l’abandon et la réconciliation», selon l’auteur, est donc centrée sur la mémoire et sur «le verbe». Fragmentée ou fluide, la parole propose au spectateur des images qui le renvoient à lui-même, lui fournissant des «clefs d’incompréhension». À la manière des rêves, Celle-là tente d’atteindre, par des métaphores, la part secrète de chaque être.

«Ce qui m’intéresse profondément, explique Daniel Danis, c’est le spectateur.» Aussi, l’écriture représente-t-elle pour lui une recherche de l’être humain dans son «entièreté», formée par le corps, l’esprit et, bien sûr, la parole. Le théâtre, enfin, apparaît comme le terrain privilégié de cette rencontre; il reste le «seul endroit permettant un réel contact avec l’être humain, par le biais d’un monde imaginaire.» À travers la parole, l’auteur retrouve la dimension sacrée du théâtre: «Les comédiens et les spectateurs échangent quelque chose de réel, d’invisible, sans interférence.»

Pour participer à cette rencontre, pour assister à l’incarnation de la parole et du rêve par les comédiens Linda Laplante, Denise Verville, Denis Lamontagne et Roland Lepage, rendez-vous au Périscope. La production sera reprise, à l’hiver 2000, à Genève et à La Chaux-de-Fonds, en Suisse.

Jusqu’au 20 novembre
Au Théâtre Périscope
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