Comédies siciliennes : Passer aux actes
Scène

Comédies siciliennes : Passer aux actes

«J’ai besoin de créer», affirme MARIE GIGNAC. Ce désir l’a menée au théâtre et au cinéma, au jeu et à l’écriture. Elle se tourne maintenant vers la mise en scène. Rencontre avec une femme qui ose aller au bout de sa passion.

À quelques jours de la première des Comédies siciliennes à La Bordée, Marie Gignac paraît fébrile; «le temps semble se rétrécir _», dit-elle. Expérimentant pour la première fois le rôle de metteure en scène, le «premier spectateur», elle mise beaucoup sur le travail avec son équipe. «J’ai un bon filet»: les comédiens Marie-Josée Bastien, Jack Robitaille et Réjean Vallée; Anne-Marie Olivier à l’assistance à la mise en scène, Jean Hazel à la scénographie, Lucie Larose aux costumes et Silvy Grenier à la musique.

Dès ses débuts au théâtre, la comédienne collabore à des pièces qui ont marqué le théâtre des deux dernières décennies au Québec: La Trilogie des dragons, Les Plaques tectoniques, Les Sept Branches de la rivière Ota. Ce travail collectif, basé sur la création, a inculqué à Marie Gignac une approche particulière du théâtre, une façon de «construire un objet théâtral» en groupe; elle retrouve cette manière de faire dans sa nouvelle aventure à La Bordée.

Avec son assistante, les comédiens et les concepteurs, elle a exploré les trois courts textes qui forment le spectacle Comédies siciliennes: réflexion, recherche et échange sur les sujets, les personnages, l’Italie. Ainsi s’est bâtie peu à peu une vision du spectacle, une atmosphère à créer. Et même si son rôle de metteure en scène lui impose la responsabilité de choix à faire, Marie Gignac avoue travailler dans un cadre souple; le spectacle, en répétition, bouge constamment, évolue.

Avec leurs onze personnages, Cecè, Le Diplôme et La Fleur à la bouche nous emmènent en Sicile. Le ton et les sujets de ces trois pièces datant du début du siècle varient: comédie et réalisme; mensonge, manipulation, réflexion sur la vie et la mort. Entre ces univers différents, la metteure en scène a établi des liens formels, dans le temps et le lieu, créant ainsi l’unité du spectacle qui va du rire à la réflexion, du mouvement au dépouillement.

Ces Comédies siciliennes racontent des histoires au propos intemporel. Elles illustrent aussi une idée chère à Pirandello: la mouvance constante de la frontière séparant fiction et réalité. Cette préoccupation, que des pièces subséquentes révéleront plus clairement, notamment la célèbre Six personnages en quête d’auteur, se trouve déjà en filigrane dans ces textes écrits pourtant assez tôt dans la vie du dramaturge italien.

Cette mise en scène marque-t-elle un tournant dans la carrière de Marie Gignac? Nullement. Elle reviendra jouer à La Bordée au printemps, elle prépare un spectacle sur Jack Kerouac, tout en continuant à assumer le rôle de codirectrice artistique du Carrefour international de théâtre. Cette aventure représente plutôt, pour l’artiste, l’occasion d’explorer un autre aspect du théâtre et de la création.

Du 2 au 27 novembre
Au Théâtre de la Bordée
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