Pour faire du théâtre comme elle l’aime, Marie Dumais ose. Les risques qu’elle prend, elle les assume sereinement, joyeusement même. "J’ai toujours vécu seulement de mon travail en théâtre. J’ai toujours fait des choses que j’aimais, que je choisissais, quitte parfois à travailler un peu moins. Pas que je sois difficile: mais si j’ai choisi un métier que j’aime, ce n’est sûrement pas pour y faire des choses que je n’aime pas."
L’automne dernier, elle mettait en scène Orlando, dans sa propre adaptation du roman de Virginia Woolf. Avec Histoires minimales, elle s’attaque une fois de plus à une oeuvre narrative. Choix ou hasard? "J’aime beaucoup la littérature, répond l’artiste. Si un texte me plaît, me touche et éveille en moi beaucoup d’idées, je ne m’arrête pas à savoir si c’est ou non du théâtre. C’est mon travail de le transformer pour qu’il devienne théâtral."
Toutefois, l’adaptation pour la scène des textes de Javier Tomeo pose peu de problèmes. L’auteur, s’il se défend bien de faire du théâtre, a composé son recueil de récits presque tous écrits sous forme de dialogues. "Il n’y a aucune adaptation textuelle à faire. D’ailleurs, Javier Tomeo est présentement très joué en Europe, même s’il n’a jamais écrit de pièce."
"De toutes ces petites histoires se dégage la même énergie", explique Marie Dumais. D’où son idée de réunir 27 des 42 nouvelles du recueil en un spectacle théâtral. "Si la difficulté n’est pas textuelle, elle réside plutôt dans la transposition sur scène de ces histoires se déroulant dans des lieux fort différents: en mer, dans une maison, un gratte-ciel, un jardin d’enfants…"
"À la lecture, j’ai vu tout de suite des rapports entre ces différentes histoires. Afin d’en faire une pièce, j’ai tissé des liens entre ces récits: je les ai campés dans un univers de saltimbanques." Dans un monde dévasté – désastre naturel? catastrophe nucléaire? guerre? -, les artistes d’un petit cirque déambulent et jouent de courtes scènes: les récits de Tomeo. "Dans cet univers détruit, ce désert sans fin, ils poursuivent leur route. Pour rester en vie, parce que leur fonction est de faire du spectacle, ils continuent à jouer, même s’il n’y a pas de spectateurs, même s’il n’y a personne."
Variés, pleins de lyrisme, de fantaisie ou d’ironie, ces petits tableaux sont autant de métaphores de notre monde, de la condition humaine. "Les représentations que donnent les personnages, ce sont des petits bouts de vie. Les scènes de Javier Tomeo sont comme des petites étoiles, des petites explosions de vie. Dans ses textes, souvent, les personnages éprouvent un désir de beauté, ou un désir de miracle", explique la metteure en scène.
"Histoires minimales, c’est un univers totalement différent de celui d’Orlando. J’aime fouiller des voies nouvelles: je pense qu’on est là pour ça! Refaire les choses qui marchent, ça ne m’intéresse pas…", confie Marie Dumais. "Bien sûr, j’ai un peu peur parfois: il y a toujours des doutes. Mais mon désir profond, c’est d’explorer. Je n’ai pas de réputation à défendre: j’ai juste un grand désir de communiquer. Je fais tout ce qui me tente, j’essaye tout ce que je veux: c’est très agréable."
Du 24 octobre au 4 novembre
Au Théâtre Périscope
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