Scène

La Mère Merle : Aux oiseaux de passage

Pour JASMINE DUBÉ, les premières pièces vues dans sa Matapédia natale ont constitué "une découverte, un choc: une grande rencontre". Depuis, elle a fait du théâtre son quotidien. Son public: les enfants.

Comédienne, metteure en scène, auteure et directrice artistique du Théâtre Bouches Décousues, Jasmine Dubé consacre tout son talent aux enfants. Pourtant, son cours en interprétation la préparait surtout, comme elle l’explique, à "jouer de "grands" textes, dans de "grandes" salles, pour les adultes". À sa sortie de l’École nationale, son premier contrat, avec le Théâtre de la Marmaille, l’amène à jouer le matin, dans des gymnases. Étonnement. Coup de foudre aussi, devant la réaction "tellement vraie, tellement directe" d’un public d’enfants: "Quand on joue pour les enfants, on est sur la corde raide, tout le temps."

Devant les spectacles présentés aux enfants en ce début des années 80, "j’étais démoralisée de voir qu’on prenait souvent les enfants pour des imbéciles", se rappelle Jasmine Dubé. La comédienne se lance alors un défi: écrire pour les jeunes, ce qu’elle fait maintenant dans ses pièces ou ses romans.

La Mère Merle, sa dernière création, s’adresse aux 4 à 9 ans. Laviat (Marie-Hélène Fortin), aviatrice moderne, quitte son monde d’efficacité lorsqu’elle s’écrase en forêt, au pays de la Mère Merle (Diane Loizelle). Elle rencontre alors ce personnage énigmatique, mère de tous les animaux et de toutes les plantes, ainsi que le gnome Merlinot (Jacky Boileau). Cette pièce illustre l’opposition de deux mondes: la vie moderne, pressée, y entre en collision avec la nature calme, rythmée par les saisons. Cette rencontre répond à une préoccupation de l’auteure, qui ne traite jamais que de sujets qui provoquent chez elle une "urgence de dire". "Il n’y a pas de sujets pour les enfants ou de sujets pour les adultes, soutient-elle. Pour les enfants, il s’agit de trouver la façon de le présenter, de les atteindre."

La "naissance" de La Mère Merle marque un moment particulier pour la compagnie. "Elle s’est réalisée alors que le TBD était en résidence dans une école de notre quartier à Montréal", raconte l’auteure. Entre octobre 1999 et mars 2000, deux classes de première année ont suivi le travail de création jusqu’à la présentation du spectacle à toute l’école. "Une telle démarche, ancrant le théâtre au coeur du quotidien des enfants, démystifie le théâtre. Et elle n’empêche absolument pas la magie de s’opérer lors de la représentation."

Selon Jasmine Dubé, le théâtre ouvre un univers précieux aux enfants. "C’est un des rares endroits où les enfants et les adultes se retrouvent ensemble, dans un rapport d’égalité. Comme lorsqu’on lit une histoire à un enfant, le théâtre permet un contact direct entre les êtres, sur scène et dans la salle."

Le 22 octobre
À la salle Multi
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