

Yvon Bilodeau : Le coeur découvert
Catherine Hébert
Devenu acteur «par accident» et metteur en scène par choix, Yvon Bilodeau a, en quinze ans, pris part à une trentaine de pièces de théâtre, interprété divers rôles au petit écran et mis en scène Bori, une déroutante performance à mi-chemin entre le concert et la création théâtrale. Sollicité par la compagnie Longue Vue pour porter à la scène Les Caprices de Marianne, d’Alfred de Musset, il s’acquitte avec enthousiasme de sa tâche. On ne badine pas avec la direction d’acteurs…
oeuvre de jeunesse sans unité de lieu, écrite pour être lue et non jouée, Les Caprices de Marianne représente, selon le metteur en scène, «le romantisme à son apogée». L’action se déroule durant la Renaissance, à Naples, en plein carnaval. Mariée au vieux Claudio, Marianne fait craquer Célio qui, trop timide pour faire les premiers pas, envoie son copain Octave jouer les éclaireurs. Ce dernier tombera, lui aussi, sous le charme de la belle.
«C’est une pièce sur les rapports hommes-femmes, explique Bilodeau. Les personnages sont des êtres fous, sans demi-mesures, qui vont au bout de leur passion.» Marianne est une innocente couventine «achetée» par un juge qui a près de trois fois son âge, puis enfermée dans une prison dorée et draguée par tout ce qui porte un pantalon. Il s’agit pourtant, selon le metteur en scène, d’une battante qui dévoile courageusement ce qui lui arrive. «Elle le fait de façon très saine. Ce personnage moderne annonce les femmes célèbres à venir.??»
Yvon Bilodeau est heureux d’avoir eu carte blanche. «Je ne sais pas ce que ça veut dire, monter un classique. Je l’aborde comme une création!» Ainsi, un peu comme pour son spectacle Bori, a-t-il choisi de mêler le théâtre à la musique, sans pour autant chercher à choquer à tout prix. Bien que conçue pour plaire à tous, la pièce s’adresse avant tout aux adolescents. «J’ai opté pour une approche très charnelle, très sensuelle. C’est une pièce qui traite du désir amoureux; si on joue ça avec la tête, c’est plate à mourir», s’exclame ce père de trois bambins, tout de même inquiet de l’effet qu’auront certaines scènes «un peu crunchy» sur les directeurs d’écoles…
Comédien de formation, Yvon Bilodeau aime les acteurs, c’est évident. Il ne tarit pas d’éloges à propos de tous ceux qui se sont impliqués dans le projet (dont Julie Deslauriers, Jean Petitclerc, Jean-François Beaupré, Nathalie Coupal et Jean Leclerc). «Frappe-toi le coeur, c’est là qu’est le génie», a écrit Musset. En choisissant de se laisser porter par ses passions, Bilodeau semble avoir, en quelque sorte, mis à profit le conseil de son auteur de prédilection…
Du 3 au 23 novembre
Au Gesù
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