Guylaine Savoie : Eaux profondes
Scène

Guylaine Savoie : Eaux profondes

Après l’aventure collective de Brouhaha Danse, la chorégraphe et danseuese GUYLAINE SAVOIE vole désormais de ses propres ailes. Elle présente, la semaine prochaine, deux solos au MAI.

Les jeunes artistes font preuve d’un entêtement qui dépasse souvent l’entendement! Les dernières semaines que Guylaine Savoie a passées enfermée dans un studio lui ont fauché plusieurs heures de sommeil. À preuve: la chorégraphe-danseuse s’est pointée en retard à notre rendez-vous parce qu’elle s’était endormie dans son bain! «Dans quelle galère me suis-je embarquée?» s’est-elle souvent demandé au cours de la création du solo Le Portrait. Mais elle n’a pas le choix: elle livrera, dans quelques jours, ce solo puis la reprise Les chiens aboient… la caravane passe sur la nouvelle scène du MAI.

Elle a beau dire aimer les défis, la création du Portrait reste de taille. Le noeud du problème se situait dans la réalisation et le montage du film vidéo qui accompagne la danseuse tout au long de son solo. Parti d’une nouvelle d’Edgar Allan Poe, ce film met en scène l’esprit d’une jeune femme du siècle dernier ayant préféré la noyade à un viol. Afin de se libérer définitivement du monde des vivants, ce fantôme tente de communiquer avec le personnage défendu par Savoie sur scène. A-t-on affaire à une danse électronique semblable à celles de Michel Lemieux et Victor Pilon ou de PPS Danse ou encore d’Isabelle Choinière? «Pas du tout, s’exclame Guylaine Savoie, c’est de la techno artisanale archisobre.» Avec l’aide du réalisateur vidéo Claude Léonard, elle est finalement parvenue à harmoniser les médiums de la scène et de l’image, obtenant ainsi une danse épurée différente de ses précédentes pièces.

Ex-membre de Brouhaha Danse, Guylaine Savoie s’était jointe à ce collectif féminin unique en son genre après sa formation en danse à l’UQAM, au milieu des années 80. C’est dans ce groupe qu’elle a fait ses classes, commis ses premières oeuvres. À l’exception d’une incursion chez Carbone 14, la danseuse a toujours interprété son propre travail. «Je me vois mal danser pour un chorégraphe, car j’ai une façon très personnelle de bouger.» Elle frappe l’imaginaire avec sa première oeuvre Cynicus où les danseurs virevoltent, le corps attaché à un harnais. «Ça sautait de partout, c’était très dynamique. Comme c’était ma première pièce, je cherchais à me démarquer, à performer.»

Depuis la dissolution du collectif, il y a deux ans, Guylaine Savoie mène une carrière en solitaire. L’an dernier, elle livrait un premier solo, Les chiens aboient… la caravane passe. Un mariage de danse avec le théâtre construit autour de l’univers d’une gitane; une oeuvre inclassable misant sur le talent de comédienne de Savoie. «Mes ambiances sont aussi importantes que ma gestuelle. J’aime bien travailler avec un scénario, des personnages et des costumes élaborés», dit-elle. Ses sujets toujours sombres semblent vouloir répondre à un désir de conjurer sa peur de la mort, est-ce le cas? «J’adore les films d’horreur, les atmosphères étranges. Ça ne m’intéresse pas de chorégraphier l’amour.»

Brouhaha Danse lui manque-t-il? «J’ai toujours été une fille solitaire. C’est sûr que j’ai beaucoup appris avec les filles de Brouhaha. Mais j’en avais un peu marre de toujours prendre des décisions collectives.» Malgré l’absence de salaire, l’isolement et l’obligation de payer de sa poche des dépenses imprévues, Guylaine Savoie a l’impression d’avoir les ailes d’un ange en création. «Quand j’entre en studio, j’ai le sentiment de vivre dans un monde sans guerres, sans famine et sans pauvreté. C’est là que je suis bien…»
Du 17 au 28 novembre

Au MAI (Montréal Arts Interculturels)

Casse-Noisette
À l’instar de la Compagnie Jean-Duceppe, les cadres de la Place des Arts prêteront main-forte aux techniciens bénévoles pour la production de Casse-Noisette des Grands Ballets Canadiens. Pour une trente-sixième année consécutive, donc, les représentations de ce ballet si populaire auprès des tout-petits auront lieu à la salle Wilfrid-Pelletier malgré la grève des techniciens de l’endroit. Du 17 au 30 décembre.

Les Années de pèlerinage
Autre bonne nouvelle: la Compagnie Jean-Pierre Perreault est en tournée dans l’île de Montréal en novembre. Pour dix dollars seulement, on peut voir ou revoir le nostalgique Les Années de pèlerinage, le 17 novembre, à la salle Émile-Legault à Saint-Laurent; le 19 novembre, à la salle Jean-Grimaldi à LaSalle, et, le 27 novembre, à la salle Robert-Bureau à Saint-Léonard.