Et Vian! dans la gueule… : Plaidoyer à prix ludique
Pour le plaisir du jeu et des mots, de jeunes comédiens se sont approprié les textes lucides et ludiques de Boris Vian. Un beau coup de théâtre qu’ils nous balancent en pleine poire!
Le plus difficile pour un diplômé d’une école de théâtre, c’est bien sûr de dénicher un premier contrat professionnel. Plutôt que d’attendre le coup de fil tant espéré, nombre de jeunes comédiens passent à l’action et fondent leur propre compagnie. C’est ce qu’ont fait des finissants de l’option théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe en mettant sur pied le Groupe Audubon. Le geste a porté fruit: ces jours-ci, l’équipe reprend Et Vian! dans la gueule…, spectacle qu’elle présente avec succès depuis 1995.
Et Vian! dans la gueule…, qui sera présenté dans le cadre de la série Contexte, est un collage qui puise autant dans l’ouvre chansonnière que littéraire du célèbre pataphysicien qui aimait tremper sa plume dans la plus lucide dérision. Les créateurs se sont toutefois appuyés sur Le Goûter des généraux, pièce écrite par Vian au milieu des années 1950. Cette truculente charge antimilitariste constitue d’ailleurs la véritable colonne vertébrale de ce spectacle multiforme.
Pourquoi Carl Béchard (connu pour son travail avec le Théâtre UbU) a-t-il privilégié le collage? Pour dynamiser un texte dont certaines références étaient désuètes. «Dans Le Goûter des généraux, il y a beaucoup d’allusions à l’actualité et à des généraux français de l’époque. Puisque ces références sont moins pertinentes ici, on a coupé de ces allusions et on les a remplacées par d’autres bouts de textes», explique le metteur en scène, également directeur artistique du Groupe Audubon. Des extraits de Je voudrais pas crever, des Fourmis et de l’incontournable Java des bombes atomiques figurent parmi les fragments greffés à la trame du Goûter des généraux.
Comme à sa création en 1995, Et Vian! dans la gueule… fait écho aux conflits armés qui secouent d’anciennes zones d’influence soviétique. Hier, c’était l’ex-Yougoslavie, aujourd’hui, c’est le Kosovo et la Tchétchénie. Tout texte qui évoque la guerre est condamné à toujours être d’actualité. M. Béchard va beaucoup plus loin en qualifiant Vian de visionnaire. En effet, bien avant la construction du mur de Berlin, le brillant touche-à-tout entrevoyait la fin de la guerre froide et l’avènement d’un monde polarisé selon un axe nord/sud.
Construit autour d’une problématique lourde, Et Vian! dans la gueule… se veut avant tout une partie de plaisir. Il y a une rigueur toute militaire dans ce spectacle, mais aussi un plaisir de la transgression, ce qui en fait un véritable cabaret ludique ayant déjà séduit des centaines de personnes. Soyez les prochains…
Le 24 novembre
À la bibliothèque Gabrielle-Roy
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