Isabelle Van Grimde : Double identité
Scène

Isabelle Van Grimde : Double identité

La chorégraphe d’origine belge Isabelle Van Grimde vit à Montréal depuis près de vingt ans. Bien qu’elle ait passé les deux dernières années, en Europe, c’est dans sa ville d’adoption qu’elle tient à présenter son travail. De la danse belge, elle ne connaît que les grands noms. Elle peut cependant discourir pendant des heures sur la danse québécoise. «Une ville d’adoption c’est plus important qu’une ville d’origine parce que j’ai choisi d’y vivre. Et puis, c’est à Montréal que ma carrière d’artiste a évolué», explique-t-elle avec un doux accent dont on identifie mal l’origine.

Dans quelques jours, Isabelle Van Grimde livrera, au Théâtre Centaur, dans le cadre d’un programme de Danse-Cité, Maisons de poussières et May All Your Storms Be Weathered. Comme ce fut le cas pour Lynda Gaudreau et Danielle Desnoyers, l’artiste de 38 ans a dû s’exiler en Europe pour bâtir des oeuvres à la mesure de ses ambitions. À Montréal, son oeuvre n’aurait pu être possible, faute d’argent. C’est grâce à une apparition au off-FIND, en 1997, que son travail a été remarquée par des producteurs étrangers. Il y a deux ans, elle montait, à Amsterdam, le quintette May All Your Storms Be Weathered avec des danseurs québécois et hollandais: «Une pièce qui s’inspire de l’énergie de jeunes danseurs.» L’année suivante, elle répondait à l’invitation d’un important producteur français d’aller créer une chorégraphie au théâtre du Manège-Scène nationale de Maubeuge, au nord de Paris. C’est là qu’elle a monté le trio Maisons de poussières, «une oeuvre sur la construction et l’abandon».

Longtemps associée à la danse-théâtre, Isabelle Van Grimde a adapté sa danse au cinéma puis elle est revenue à l’essence même de son art. À l’instar des chorégraphes de sa génération – tels que Sylvain Émard ou Danielle Desnoyers -, elle désire «travailler uniquement avec les forces de la danse, c’est-à-dire la physicalité, l’énergie et l’aspect visuel». À une exception près toutefois: c’est avec ses mains qu’elle sculpte le corps des danseurs. «Ces derniers apprennent le mouvement par le toucher plutôt que par le regard. Cela donne une danse en extension extrêmement exigeante.»

Les producteurs européens notent que l’influence européenne est en train de l’emporter sur l’influence québécoise dans son travail. Cette observation ne dérange pas outre mesure Isabelle Van Grimde. «C’est sûr que je reste très influencée par la danse québécoise mais depuis que je travaille en Europe, il s’opère une espèce de métissage dans ma recherche de la forme et de la structure. Mais ce qui caractérise avant tout mon travail, c’est sa dimension humaine.»

Même si son coeur d’artiste reste solidement accroché à Montréal, ses fréquents séjours en France ou aux Pays Bas ont eu un effet bénéfique sur son évolution professionnelle. Elle a plein de projets en branle. Bientôt, elle montera une pièce en collaboration avec l’Ensemble de musique contemporaine de Montréal. Le Théâtre de Maubeuge l’a invitée à se produire de nouveau chez lui. Que demander de mieux? «Diffuser mon travail encore plus parmi les miens», me répond-elle tout de go.

Du 24 au 28 novembre
Au Théâtre Centaur
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