Le Souffle de Werther : Renaître au parfum
Scène

Le Souffle de Werther : Renaître au parfum

En marge de sa programmation régulière, La Rotonde invite le public à découvrir des chorégraphes de Québec. MARIO VEILLETTE y présentera Le Souffle de Werther, une ouvre teintée d’un romantisme à la sauce butô.

Le Souffle de Werther raconte une histoire d’amour impossible typiquement romantique. Inspirée d’un roman de Goethe, Les Souffrances du jeune Werther, la pièce commence avec la mort de Werther (Patrick Poulin) pour revenir en flash-back sur ses amours avec Charlotte, interprétée par Julie Pichette. Nicole Pellerin personnifie la société qui tente d’éloigner les amoureux l’un de l’autre.

Malgré le sujet qui pourrait faire penser à des ballets comme Roméo et Juliette ou Giselle, la pièce de Mario Veillette est résolument contemporaine. Ce n’est qu’en cours de recherche, en fait, que l’intérêt pour le romantisme est né. Au départ, cet adepte du butô avait simplement cliqué sur la fin du roman de Goethe: Werther décide de se suicider et de se faire enterrer dans le jardin de sa bien-aimée dans le but d’être présent dans le parfum des fleurs qu’elle respirera. «En butô, on utilise des images pour stimuler les danseurs», explique le chorégraphe. Le concept de transformation de la matière s’avère justement un type d’image très efficace.

Mario Veillette commence toujours ses recherches en faisant improviser les danseurs. Il les incite à utiliser les contraintes matérielles du lieu de la prestation, selon les préceptes de la danse environnementale. Sol accidenté, cascades d’eau, grands espaces, tout est propice à les inspirer. Dans Le Souffle de Werther, les danseurs exploitent la mezzanine de la salle de La Rotonde. D’autres éléments scénographiques se sont ajoutés, en particulier «des trucs salissants». C’est un peu la marque de commerce de Veillette. «Ça change l’énergie qui se dégage. À la fin, ils ne peuvent plus continuer en étant les mêmes parce que, physiquement, ils sont marqués. Moi, j’aime ça. Ça fait partie de mes dadas.» Quant au public, il n’a qu’à contempler la scène pour se rappeler certains moments forts du spectacle. «Je pense que ça imprime de façon plus forte la mémoire du spectateur. Ça facilite la révision!»

Le Souffle de Werther a déjà été présenté sous forme d’improvisation structurée. La pièce aurait pu en demeurer à ce stade, comme la série de représentations de l’été dernier intitulée Les Lieux du crime, mais le chorégraphe a décidé de la retravailler jusqu’à en fixer tous les éléments. Mouvement et musique ont évolué en parallèle, se nourrissant mutuellement. C’est le compositeur Vincent Gagnon qui a offert sa collaboration après avoir vu une prestation du petit groupe. Avec Julie Pichette, le chorégraphe a créé des costumes en papier journal. «On s’est dit: "Tant qu’à nettoyer, on est aussi bien de jeter et tant qu’à jeter aussi bien que ça ne coûte pas cher!"»

Avec ce spectacle, le Centre chorégraphique de Québec lance une nouvelle formule, Mouvements d’intimité, destinée à faire découvrir le travail des chorégraphes de la région. En plus de sa programmation régulière présentée à la salle Multi, l’organisme a instauré des retraites de création pour des chorégraphes de l’extérieur. Il encourage également des rencontres informelles auxquelles Mario Veillette a d’ailleurs participé l’an dernier.

Du 19 au 21 novembre
À La Rotonde
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