Marie-la-putain : Un joyeux bordel
À quoi s’attendre d’une création qui porte le titre de Marie-la-putain et qui raconte «le parcours d’une jeune femme rêvant de nudité et de transparence absolues»? Présentée au Théâtre Prospero, cette pièce écrite et mise en scène par Hélène Robitaille, diplômée de l’Université McGill, a le mérite de titiller la curiosité. Âmes sensibles et prudes, s’abstenir…
La prémisse de cette production de la compagnie Le Joyeux Bûcher est simple: boutée hors d’une taverne qui sera démolie, la vierge Violette (Gabrielle Robichaud) rencontre sur la place Royale de Québec une ribambelle de personnages qui la transformeront en prostituée et la surnommeront Marie. Cette jolie blondinette trash au coeur pur et au corps envoûtant rappelle étrangement (en mode mineur) la Lolita débauchée de Dominic Champagne, interprétée avec panache par Céline Bonnier. «Petite chose en désordre» à l’innocence ducharmienne, Violette-Marie doit choisir entre la dérive éthylique et la prostitution, entre la vie et la mort. Il lui faudra plus de deux heures trente pour y parvenir.
Onze comédiens donnent la réplique à cette Marie aux idées peu catholiques. Le plus fascinant du lot est Ernest (Stéphane Saint-Jean), un clown tatoué et fumeur qui se travestit en Marlène Dietrich. Accompagné d’un musicien (Pascal Robitaille, sur scène durant toute la pièce), il interprétera une hilarante chanson scatologique… dans le plus simple appareil! Les quelques moments de folie qui traversent Marie-la-putain ne suffisent cependant pas à sauver de l’ennui ce spectacle chaotique qui manque de concision.
Dans le programme de la pièce, la metteure en scène décrit son personnage principal comme un être qui «se tient au seuil du pardon», une sorte de Marie-Madeleine des temps modernes. Mais les gags, les chansons et les trop nombreux personnages (une femme bûcheron, un homme libidineux, un peintre machiavélique, des clowns, des soûlons, un couple de lesbiennes, des jeunes hétéros, alouette…) font écran à ces réflexions. En fait, ce spectacle gagnerait à être plus ramassé et mieux structuré, à l’instar, par exemple, des Quatre Morts de Marie, le vibrant solo écrit par Carole Fréchette. Il est, pour l’instant, difficile d’être en désaccord avec le personnage qui lance à cette Marie débauchée: «Tu te prends trop au sérieux, ma petite allumette…»
Jusqu’au 4 décembre
Au Théâtre Prospero
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