Nacho Duato : Raison passion
Scène

Nacho Duato : Raison passion

Ses ballets sont présentés à travers le monde par les plus prestigieuses compagnies. Cependant, NACHO DUATO essaie de préserver un regard spontané sur son travail. Le chorégraphe espagnol a signé trois oeuvres originales que le public des Grands Ballets Canadiens pourra voir la semaine  prochaine.

Le public des Grands Ballets Canadiens connaît bien les oeuvres de Nacho Duato, lesquelles font souvent partie des programmes de ballet contemporain. Et il n’est pas le seul: le chorégraphe espagnol de 38 ans est désigné comme porte-parole du ballet néo-classique de l’autre côté de l’Atlantique. Bonne nouvelle: la Compania Nacional de Danza, dont Duato est directeur artistique, présentera pour la première fois à Montréal trois ballets signés par le maître lui-même. Si, si, si…

Mais attention, ces ballets n’ont plus tellement à voir avec le travail de Duato déjà vu aux GBC. Bien sûr, ses dernières créations risquent d’émouvoir les spectateurs, mais elles exigeront aussi beaucoup de leur attention. «Ce que les Grands Ballets Canadiens ont présenté de mon répertoire remonte au début de ma carrière. Il s’agissait d’une danse en relation avec la nature, très méditerranéenne», raconte le chorégraphe joint au téléphone, la semaine dernière, à Madrid. «Mon travail récent est plus personnel, plus obscur. Il dénote une préoccupation plus grande de l’être humain.» Qu’on se rassure, la danse de Nacho Duato reste accessible. «Je n’essaie jamais d’être original. J’ai besoin d’un public qui comprenne ma démarche et qui me suive. C’est important pour moi de rester en relation avec lui, d’être honnête.»

Le programme de la Compania Nacional de Danza comprend trois oeuvres créées en collaboration avec des compositeurs espagnols. Self, qui porte sur l’évolution de l’homme dans un monde matérialiste, sera dansé par onze danseurs sur une musique d’Alberto Iglesias. Remansos, qui s’inspire de l’univers de l’homme de lettres Federico Garcia Lorca et de la musique d’Enrique Granados, sera sans doute le ballet le plus formel de la soirée. Enfin, Por Vos Muero se rapproche de la danse des XVe et XVIe siècles.

Cela fait maintenant dix ans que Duato est directeur artistique à la Compagnie nationale de ballet de Madrid. Depuis sa nomination, du sang neuf compose les trois quarts de la troupe, et on ne danse désormais que des oeuvres contemporaines. «Le répertoire classique ne doit être réservé qu’aux compagnies qui maîtrisent très bien la technique», dit celui qui a appris à danser auprès de Maurice Béjart. Mais avant de vivre à Madrid, Duato fut chorégraphe résident au Nederlands Dans Theater, une compagnie dirigée par Jiri Kylian. «La proposition de la Compania Nacional de Danza est arrivée à point. Après avoir créé une douzaine de ballets au Nederlands, j’avais besoin de prendre une distance artistique par rapport à Jiri.»
Si, aujourd’hui, les ballets de Duato sont dansés par le Ballet de l’Opéra de Lyon, l’American Ballet Theatre, les Grands Ballets Canadiens ou encore le Nederlands Dans Theater, le chorégraphe espagnol essaie de préserver un regard spontané sur son travail. «Ce n’est pas évident d’écouter le petit enfant en soi, et de trouver un juste équilibre entre le coeur et l’intelligence.»

Du 23 au 25 novembre
À la Salle Pierre-Mercure
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