Nancy Leduc : Quitte ou double
Déterminée, l’interprète Nancy Leduc a décidé de prendre sa carrière en main, et est devenue chorégraphe par nécessité. Le fruit de son travail est présenté à Tangente, ce week-end.
Nancy Leduc a la tête dure. Voilà trois ans, la jeune artiste quittait une tournée de la compagnie Cas Public pour devenir danseuse pigiste. Son ambition? Être interprète de solos signés par des chorégraphes réputés. Mais hélas, son projet n’a pas fonctionné comme prévu. Qu’à cela ne tienne, elle allait danser ses propres chorégraphies. Elle a donc créé un premier solo (Toulouse) puis, l’année suivante, un duo (Les Enfants terribles). Le week-end prochain, elle reviendra sur la scène de Tangente avec la reprise des Enfants terribles , ainsi qu’avec la création d’une oeuvre pour cinq danseuses, Les Grandes Filles du vent du ciel.
Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis notre première rencontre il y a trois ans. La jeune femme timide et remplie d’espoir s’est métamorphosée en une artiste confiante, transparente et moins idéaliste. Nancy Leduc de dire déterminée plutôt qu’ambitieuse pour qualifier son cheminement. Chorégraphe, elle l’est devenue par nécessité. Son métier, c’est celui de danseuse-interprète. Si elle s’est abstenue de faire partie de la distribution de sa dernière oeuvre, c’est parce que des collègues l’ont convaincue de la complexité de danser et d’être chorégraphe à la fois.
N’empêche que l’envie la démange. Ce n’est pas pour rien qu’elle s’est entourée de jeunes danseuses qui incarnent, d’une certaine manière, un pan de sa personnalité. Il s’agit d’anciennes collègues (Sandrine Lafond, Maria Kéfirova, Sabrina Usher, Karine Massicotte Denault) rencontrées, entre autres, aux Ateliers de danse moderne de Montréal où Leduc a étudié. Ainsi que la comédienne Suzanne Lemoine, qui a fait partie, comme Leduc, d’une tournée de Montréal Danse. «Ce fut un coup de coeur pour le choix des filles. Suzanne, c’est l’artiste la plus aguerrie du groupe. C’est une fille qui bouge bien et qui est très entière dans son travail», déclare l’artiste.
En raison des difficultés de répéter en groupe, la chorégraphe a préféré monter un solo pour chaque interprète. Les danseuses personnifient des sorcières qui parcourent les toits du monde depuis mille ans! «C’est une pièce sur la féminité avec des clins d’oeil féministes. J’avais envie d’explorer cette dimension sans doute en réaction contre ma précédente pièce où Dave St-Pierre et moi avions l’air d’enfants.» Passionnée par les arts visuels, Nancy Leduc a travaillé en étroite collaboration avec la designer Maryse Locat. «Je ne voulais pas de costumes d’époque mais des vêtements qui allongent la taille, donnant ainsi l’impression d’être ailleurs, dans un autre siècle.»
Dans quelques semaines, Nancy s’envolera pour la Suisse où elle auditionnera chez Arias Compagnie. «Quand j’ai vu la danse de Guilherme Botelho au dernier FIND, j’ai eu tout un choc. Je me retrouvais tellement dans sa danse-théâtre qu’après le spectacle je suis allée lui proposer de danser pour lui.»
Dans son plan de match, elle prévoit déjà cogner aux portes des diffuseurs suisses avec des vidéocassettes de sa danse sous le bras. Qui sait où ce geste pourra la mener?
Du 2 au 5 décembre
À Tangente
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