Héloïse Rémy et Sheila Ribeiro : Nouveaux horizons
Inconnues du milieu de la danse québécoise, Héloïse Rémy et Sheila Ribeiro ont décidé, le printemps dernier, de frapper aux portes des diffuseurs jusqu’à ce que leur détermination séduise la direction du Théâtre La Chapelle, où elles présentent actuellement leur travail.
Inconnues du milieu de la danse québécoise, Héloïse Rémy et Sheila Ribeiro ont décidé, le printemps dernier, de frapper aux portes des diffuseurs jusqu’à ce que leur détermination séduise la direction du Théâtre La Chapelle. Ces jours-ci, les jeunes chorégraphes y présentent leur travail. Leur dossier de presse dévoile peu de choses sur elles, sinon que les chorégraphes Pierre-Paul Savoie, Benoît Lachambre et Daniel Soulières les ont soutenues sur le plan artistique. Pour ajouter à leur mystère, elles ont fait appel à Lucie Bazzo pour l’éclairage. Avec tout ce monde dans le décor, on pressentait que leur soirée vaudrait le détour. Après les avoir rencontrées, on n’en doute plus.
Originaire de la ville de Rouen, en Haute-Normandie, Héloïse Rémy a émigré au Québec il y a quatre ans. Formée au ballet classique et à la danse contemporaine, cette minuscule artiste aux yeux de biche, entre autres, a dansé pour Mariko Tanabé. Mais depuis trois ans, elle danse ses propres solos, au Studio 303 notamment. Sa dernière création, Du Pareil au même, comporte plusieurs tableaux où elle interagit avec le public. «C’est sûr que ma danse est très théâtrale, dit-elle. Je n’ai pas la prétention de faire de l’humour mais mon deuxième tableau déclenche beaucoup de rires.» Selon elle, sa dernière création partage la légèreté et le regard critique des oeuvres de jeunes chorégraphes québécois. Sa copine Sheila y note des influences de Mariko Tanabé.
Le travail de la Brésilienne Sheila Ribeiro est d’un tout autre genre. Ceux et celles qui l’ont vu le trouvent bigarré, carnavalesque ou encore chaotique. Pas surprenant qu’on le compare avec la danse de Benoît Lachambre. Des spectateurs en sortent choqués ou interloqués. «Ma danse est très urbaine, très rough. Elle n’a rien à voir avec la danse du Carnaval de Rio», dit-elle. Sa dernière chorégraphie pour cinq danseurs, Marché aux puces, porte sur la dimension mercantile des hommes. Elle y travaille depuis deux ans. Récemment, elle a fait appel au compositeur brésilien Mauricio Pereira, qui a conçu pour elle une musique fusion. «Malgré l’apparence improvisée de ma pièce, tout est chronométré. J’aime beaucoup mélanger délicatesse et décadence. Je crois que les êtres humains sont comme ça: ils alternent des moments de fragilité avec des moments de puissance.»
Née à Sao Paulo, Sheila Ribeiro a choisi de fuir le sort réservé aux femmes de son âge, c’est-à-dire le mariage et la ribambelle d’enfants. Elle avait aussi envie de vivre son statut d’artiste dans une ville ouverte à la culture. «Ici, c’est in d’être une artiste. À Sao Paulo, je passe pour une marginale.»
Et à quoi ressemble la nouvelle danse brésilienne? «Au travail des Portugais ou du Belge Alain Platel, me répond-elle. C’est une danse-théâtre existentialiste.» Et, bien entendu, son travail n’est pas du tout de cette étoffe. On aurait pourtant juré le contraire. À découvrir.
Du 9 au 11 décembre
Au Théâtre La Chapelle
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