Stéphane Rousseau : Le charme opère
Après trois ans d’absence, Stéphane Rousseau présente son troisième one man show au Théâtre Saint-Denis. Ce «p’tit dernier», mis en scène par Denis Bouchard, est la plus spectaculaire des créations de Rousseau jusqu’à maintenant.
À 33 ans, après trois ans d’absence, Stéphane Rousseau présente son troisième one man show au Théâtre Saint-Denis. Trois serait-il son chiffre chanceux? Fort possible, jeudi dernier, l’humoriste a en effet connu un beau succès lors de la première montréalaise de son spectacle haut en couleur.
Il a du talent, Stéphane Rousseau. Sur scène, il est comme un poisson dans l’eau. Plus qu’un humoriste, Rousseau est un «entertainer». Pas surprenant que, parmi ses idoles, on retrouve de vieux routiers de la scène tels Aznavour et Sinatra; dont il fera des imitations dans un numéro avec l’ineffable – et un peu usée – Madame Jigger.
«Son p’tit dernier», mis en scène par Denis Bouchard, est la plus spectaculaire des créations de Rousseau jusqu’à maintenant. Éclairage soigné, musique live, décor imposant, multimédia, les producteurs de Motion International ne semblent pas avoir lésiné sur les moyens. L’ouverture sur écran géant, animé par ordinateurs, est très impressionnante: la vedette arrive sur scène comme un super-héros de la génération Nintendo. Avec, ici et là, des clins d’oeil à Austin Powers et à James Bond, Rousseau conservera son flegme et son charisme tout au long de la soirée.
Puis l’humoriste enchaîne avec un monologue sur «la crise de la trentaine» (sic), la peur de vieillir et de ne plus pogner avec les filles. C’est long et guère crédible: comment croire que la vie est derrière soi à trente-trois ans… surtout de la part d’un des cinq finalistes du Concours du plus bel homme connu du Québec!? C’est comme si George Clooney se plaignait d’être un vieux croulant à cause de ses quelques cheveux blancs!
Viendront ensuite des sketchs sur le côté féminin des hommes, et le côté masculin des femmes; sur les inévitables relations de couples et la lâcheté sentimentale des gars; un hommage à son père en diaporama; une ode à la beauté des seins féminins qui culmine par un jeu interactif où un clone virtuel de l’humoriste affronte des obus en forme de plantureuses poitrines!
Parmi les moments forts, mentionnons son suave numéro du dragueur latino. Torse nu et imberbe, pantalon moulant, le séducteur invétéré va choisir une proie au hasard (???) dans la salle. Et L’Anglo qui cumule les maladresses linguistiques en communiquant avec sa blonde francophone dans la langue de Claude Meunier. Littéralement, car ce dernier signe ce texte tout en jeux de mots hilarants. Un tour de force en soi.
Dommage que tous les textes ne soient pas à la hauteur de celui-là. Stéphane Rousseau a beau dire qu’il a pris de la maturité, son humour est souvent en panne de contenu. Et sa vision des choses demeure toujours en surface. Certes, le but premier de ce comique est de divertir ses contemporains et non de jouer aux moralistes. De plaire au public avant de le faire réfléchir. Mais, contrairement à d’autres humoristes, Rousseau, tel un skieur sur sa planche à neige, ne fait que glisser sur les travers et le ridicule de la société. Or, un athlète de la scène (si bon soit-il) n’est pas un artiste accompli.
Jusqu’au 19 décembre
Au Théâtre Saint-Denis 1
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