Huguette Oligny : Une vie au théâtre
Scène

Huguette Oligny : Une vie au théâtre

HUGUETTE OLIGNY est de ceux qui ont bâti notre théâtre, par sa présence à la radio, à la télévision et sur la scène ainsi que par son désir de jouer des auteurs québécois à une époque où notre dramaturgie n’en était qu’à ses premiers balbutiements. «Avec mes camarades de travail, je suis sûre que j’ai aidé à l’avènement du théâtre québécois; je le dis en toute modestie.»

La comédienne se considère choyée depuis le début de sa carrière. Elle trouve passionnant de créer des textes québécois et s’émerveille devant les «cadeaux» que sont les rôles qu’on lui offre. «Je suis comblée actuellement», affirme-t-elle.

Après la création de Stabat Mater de Normand Chaurette, cette grande dame du théâtre québécois présentera à Québec une soirée Françoise Loranger. Ce spectacle, présenté depuis août 1999, a été conçu avec Hélène Pedneault, «légataire universelle» des textes de l’auteure québécoise décédée en 1995. Au programme: La Dame de cent ans et une lecture de Diogène 60, deux textes au propos toujours actuel.

Dans La Dame de cent ans, Huguette Oligny incarne une dame qui, sur le ton de la confidence, raconte sa vie. «Il y a chez elle un côté délinquant évident, qui me plaît infiniment», confie-t-elle en souriant. Diogène 60 s’inspire du personnage grec qui, armé d’une lanterne, circulait en plein jour en répétant: «Je cherche un homme.» La version 1960 de cet ermite a fui la société pour s’isoler dans le Grand Nord; «il ne peut supporter ce qu’il considère comme un monde pourri, un monde affreux, explique la comédienne, sur lequel il appelle les bombes». Mais «même au plus profond de ce dégoût, il y a quand même de l’espoir; c’est vraiment très beau».

Jouer en solo ces deux morceaux exige une grande concentration et suppose «un travail préparatoire énorme». Mais le plaisir est immense. «C’est fou ce que je vais dire là. Mais parfois, c’est comme si j’oubliais que je suis dans une petite salle de spectacles; j’ai l’impression que j’ai invité ces amis-là chez moi et que je leur raconte des histoires. C’est très amusant.» Les réactions du public confirment le caractère très particulier de cette «rencontre». «Vous savez, c’est relativement facile d’avoir des applaudissements, des gens qui vous disent bravo; mais ce n’est pas tous les jours que les gens vous disent merci.»

Du lien créé entre comédiens et spectateurs au théâtre, Huguette Oligny parle avec ravissement. «Pour moi, c’est le plus beau métier du monde. On a vraiment l’impression de donner du bonheur aux gens. Et puis, on fait oublier bien des peines…» Ce bonheur donné est aussi bonheur reçu: «Un comédien a besoin du public», insiste-t-elle. Elle rit: «Ah! c’est comme l’amour, que voulez-vous: il faut être deux!»

Du 11 au 16 janvier

Aux oiseaux de passage

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