Le Visiteur : Psychose?
Scène

Le Visiteur : Psychose?

Le Visiteur, un grand succès du Théâtre les gens d’en bas, présenté à l’été 1998 au Théâtre du Bic, tiendra l’affiche pendant un mois à Québec, avant de prendre la route de la tournée jusqu’au printemps. Rendez-vous avec un personnage bien  mystérieux.

Emmanuel Bilodeau, finissant de l’École nationale en 1992, incarne le mystérieux «visiteur» du texte d’Éric-Emmanuel Schmitt, jeune auteur français à qui on doit entre autres Le Libertin, présenté à Montréal l’an dernier. Le comédien y joue un étrange «dandy», à la fois léger et fou, perspicace et grave. Ce personnage illustre à merveille le texte de Schmitt: surprenant, brillant et plein de profondeur. Malgré une toile de fond dramatique, le texte entraîne comédiens et spectateurs dans des directions inattendues.

Témoin de la montée du nazisme dans son pays, Sigmund Freud, en 1938, refuse de quitter Vienne, malgré les pressions d’un antisémitisme de plus en plus concret. Un soir d’avril, la Gestapo emmène sa fille Anna pour l’interroger. Déjà âgé et malade, Freud, inquiet du sort de sa fille, se retrouve en plein désespoir. Surgit alors un inconnu, avec qui s’amorcera un dialogue étonnant: le visiteur prétend être nul autre. que Dieu lui-même. Vérité? Illusion? Personne ne saurait le dire, pas même le comédien qui l’incarne; le texte, tout en proposant différentes pistes, ne révèle jamais l’identité du curieux personnage.

Cette pièce s’adresse à «notre intelligence, notre sensibilité et notre spiritualité», explique Emmanuel Bilodeau. Le personnage du visiteur apparaît comme «la concrétisation d’une espèce de fantasme»: il permet de poser certaines questions obsédantes, qu’on soit croyant ou athée. Le dialogue porte, par exemple, sur la souffrance, la guerre, la liberté. Mais à la gravité de ces réflexions, à la veille d’une des plus affreuses crises du siècle, se mêle la fantaisie la plus pure, qui fait sourire alors même qu’on plonge au coeur de questions fondamentales. «C’est un texte extraordinaire à découvrir; un texte vraiment magique. On peut être totalement athée et être fasciné; on peut être totalement croyant et être fasciné.»

En jouant à nouveau la pièce de Schmitt, Emmanuel Bilodeau retrouvera l’équipe de l’été 1998: Jean-Louis Roux, Frédéric Desager et Anne Bryan, sur scène, et Françoise Faucher à la mise en scène. «C’est inspirant de travailler avec une femme comme elle», dit-il, appréciant son énergie, son talent et son humilité. La reprise de la pièce lui permet également de «revisiter» son «visiteur», à la lumière d’un an et demi d’expérience. Il constate que sa vision du personnage a évolué et compte bien tirer profit du «plaisir du travail intense. et débridé» qu’il a connu grâce au rôle d’Hamlet, tenu l’hiver dernier à Montréal. «Je n’ai jamais eu autant de plaisir; je ne me suis jamais autant accompli comme acteur. Dans Le Visiteur, j’ai envie que ça ait changé quelque chose.»

Visiblement, Emmanuel Bilodeau est emballé par la perspective des représentations à venir. «Mon plaisir et mon défi, c’est de faire un personnage beaucoup plus troublant et énigmatique; j’espère en être capable, explique-t-il. C’est fascinant de reprendre. Pour un acteur, c’est vraiment du gâteau!»

Du 11 janvier au 5 février
À La Bordée
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