Macha Limonchik : L'ombre et la lumière
Scène

Macha Limonchik : L’ombre et la lumière

L’Espace Go ouvre sa saison, le 12 janvier, en reprenant l’un des plus grands succès de son histoire: Albertine, en cinq temps. Dernière occasion pour les Montréalais de (re)voir le chef-d’oeuvre de Michel Tremblay dans la remarquable production orchestrée par Martine Beaulne.

C’est ce qu’on appelle miser sur une valeur sûre. L’Espace Go ouvre sa saison, le 12 janvier, en reprenant l’un des plus grands succès de son histoire: Albertine, en cinq temps. Dernière occasion pour les Montréalais de (re)voir le chef-d’oeuvre de Michel Tremblay dans la remarquable production orchestrée par Martine Beaulne.

Une troisième escale pour le spectacle créé en 95, et une seconde pour Macha Limonchik, qui a pris la relève de Sylvie Drapeau lors de la reprise de la pièce à l’Usine C et de la tournée subséquente.

La comédienne s’est intégrée en douceur dans la magnifique équipe composée d’Élise Guilbault, Andrée Lachapelle, Monique Mercure, Sophie Clément et Guylaine Tremblay. Malgré la pression qu’elle s’était elle-même imposée. «C’est difficile de remplacer, parce que c’est un autre genre de travail. Le chemin a déjà été débroussaillé, les choix sont faits. Il faut trouver en soi comment on peut prendre cette même route, repasser dans les pas, mais que ça devienne organique, que ça finisse par venir de moi aussi. Et là, je sens qu’elle est à moi. Je n’ai plus le syndrome de l’imposteur. Maintenant, c’est mon Albertine, aussi. Mais, dans ma tête, je la partage avec Sylvie, qui a fait le travail de défrichage.»

Au fil des étapes et du travail d’approfondissement, «le spectacle s’est beaucoup raffiné», et la plupart des comédiennes ont fini par approcher ou rejoindre l’âge de leur personnage. «Notre vie continue à évoluer, alors on a un regard nouveau chaque fois qu’on le reprend, explique Macha, qui a fêté ses 30 ans à la mi-décembre. Et, chaque fois, on est encore estomaquées par le destin tragique de cette femme-là. C’est vraiment fabuleux d’être plusieurs à réfléchir sur ce personnage, à le sentir. Ça donne une richesse incroyable. C’est un être qui existe en lui-même. On remet le costume et elle réapparaît.»

Albertine est scindée en cinq âges, ce qui donne d’autant plus de poids à son désespoir, dont chaque comédienne incarne une couleur différente. «Toutes, on parle de la rage. À 30 ans, c’est le choc pour le personnage de rencontrer sa propre force dévastatrice, et de constater son impuissance devant cette rage.»

Sur scène, le sextuor d’actrices doit porter un souffle que Macha Limonchik compare à une grande vague, et qui exige une extrême rigueur. «L’écoute est vraiment importante, on ne peut pas y échapper. C’est une respiration. De plus, la tragédie de cette femme nous oblige à une très grande vitalité. C’est par cette rage qu’elle est restée en vie, qu’elle peut raconter son histoire. Albertine n’est pas du tout dans un monde de lumière, c’est un show très sombre. Mais la force créatrice que ça demande, c’est d’une grande lumière, pour moi. L’espoir qu’elle me donne, c’est de m’avoir fait rencontrer ces actrices-là, de me faire évoluer, de me faire grandir.»

Du 12 janvier au 12 février
À l’Espace Go
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