Pierre Bernard : La traversée du désert
Après plus de onze ans à la barre du Quat’Sous, PIERRE BERNARD a tiré sa révérence au début de l’année. Mais avant de partir, il veut nous faire partager un dernier coup de coeur, en mettant en scène Le Désir de Gobi, de Suzie Bastien. Car, pour paraphraser Godard, le metteur en scène ne fait pas juste du théâtre, mais du théâtre juste.
Depuis le début de l’année, Pierre Bernard vit une situation un peu paradoxale. Il se rend toujours quotidiennement avenue des Pins, au Quat’Sous, le petit théâtre qui est au coeur de sa vie depuis onze fructueuses années. Mais son rôle a changé. L’ex-directeur porte désormais le chapeau du metteur en scène invité. Un peu comme s’il était passé de l’autre côté du miroir. Une transition en douceur.
«Hier matin (le 3 janvier), en rentrant au théâtre, pour la première fois, Wajdi (Mouawad) était assis au bureau que j’occupais avant, raconte Pierre Bernard. Ça m’a frappé parce qu’il s’est levé, un peu gêné. J’ai dit: non non, je vais m’asseoir où les metteurs en scène ont coutume de s’asseoir, et c’est très bien. Oui, c’est différent, c’est tout neuf, je l’apprivoise. Mais je connais le lieu par coeur. Et même si j’ai un autre rôle, il y a des réflexes naturels qui me reviennent. Mais je me suis beaucoup préparé dans ma tête: je respecte l’espace qui est là. Ce n’est plus le mien. Faut lui laisser sa place. Ça se fait très harmonieusement, ce passage-là. Et ce n’est pas trop étrange pour moi parce que je n’ai pas le temps, l’espace intérieur pour sentir la différence. Je suis tellement concentré sur Le Désir de Gobi.»
Pierre Bernard tire sa révérence du Quat’Sous de la même façon qu’il avait commencé son directorat, en 1988 (c’était avec Elvire Jouvet 40, qui sera sa pièce-fétiche): par un grand coup de coeur. Le premier texte d’une jeune auteure qui n’a pas trente ans, sortie un peu de nulle part, Suzie Bastien.
«J’ai été soufflé par ce texte-là, explique le metteur en scène. Pas à cause de la perfection de la structure – ce petit objet hybride n’est pas une pièce parfaite, j’en conviens. À cause de cet univers personnel, vrai. Je sentais une authenticité, quelqu’un qui se commettait, mais par petites touches. C’est ce qui m’a ému. Et j’étais épaté par l’écriture. Il y a un véritable souffle, une véritable personnalité. Pour ça, on va lui donner une tribune, à cette enfant-là. Pour qu’elle puisse continuer à écrire. Parce que ça en vaut la peine. Ça, c’est mon côté plus politique d’ancien directeur de théâtre, encore tout frais… Mais pourquoi réclame-t-on toujours une pièce forte, parfaite, coup-de-poing, qui réunisse tous les attributs d’un grand auteur? Parfois, on monte une pièce peut-être juste pour le pas de plus qu’on fait franchir à un auteur, parce qu’il y a là un souffle à développer.»
Le Désir de Gobi nous ouvre les portes de l’univers de Nine (Annick Bergeron), une petite fille qui a subi un grave traumatisme. Pendant qu’un psy (Raymond Legault) tente d’amener l’enfant à nommer la trahison de ses parents, Nine se réfugie avec Colas (Danny Gilmore), son compagnon d’infortune et de jeu, autre «médaillé d’or des olympiques de la détresse», dans les replis plus rassurants de l’imaginaire. Le désert de Gobi, en Mongolie intérieure, devient un lieu fantasmé, dépositaire des cris de détresse des enfants perdus. Les innombrables «logues» qui défilent, interchangeables, devant Nine sont rebaptisés Morlock (du nom des créatures inventées par H.G. Wells). La réalité est mythifiée, embellie, et, pour se protéger de l’innommable, les mots qui font trop peur ou mal sont remplacés par d’autres. «On s’invente des mondes à partir du refus d’amour», écrit Suzie Bastien dans son mot du programme.
«Nine peut avoir cinq, 14, ou 100 ans, relève Bernard. On voyage constamment de l’enfant à la vieillarde, en passant par l’adolescente. Elle a tous ces âges-là. Parce que c’est une écriture qui procède de l’inconscient. C’est un texte extrêmement ouvert. On peut l’aborder de multiples façons. On est dans un univers poétique mais qui a des assises, en même temps. Ce n’est pas un texte poétique, mais il contient une poésie inconsciente. C’est de donner à l’enfance les mots qui ne lui appartiennent pas. Et pour moi, ça revient au théâtre, où l’on n’a pas toujours besoin de la vraisemblance. C’est comme d’offrir ce personnage à Annick Bergeron, qui a la mi-trentaine. Si on n’est pas capable d’accepter cette convention-là au théâtre, où va-t-on pouvoir le faire?»
Les mots pour le dire?
Le metteur en scène est manifestement très habité par ces mots-là, qu’il cite généreusement. Par la beauté des images qu’ils créent. «Mais la pièce parle aussi du sens des mots. Sommes-nous conscients de ce qu’on dit aux gens? Conséquents avec les mots qu’on dit? Les mots d’amour que les gens nous adressent, est-ce qu’ils savent ce que ça veut dire? Pour Nine, le pire dans ce qui lui est arrivé, c’est la trahison d’une promesse que son père lui avait faite.»
Le Désir de Gobi ne s’achève pas sur les violons triomphants des finales à l’américaine. La pièce n’offre pas de résolution facile, de guérison miraculeuse à la petite Nine. Car «il n’y a pas de solutions partout. Et il y a plein d’enfants comme ça.» «Quand j’ai lu la pièce, j’ai voulu sauver cette enfant-là, se rappelle Bernard. Annick me dit souvent: "Tu veux trop la sauver, Pierre." C’est vrai. Dans le travail théâtral, j’ai un rapport schizophrène avec les personnages. Pour moi, ce sont des personnes qui sont vraiment là, pour lesquelles je dois faire quelque chose. J’y ai cru souvent. Les gens sont obligés de me ramener: "Pierre, c’est juste du théâtre." Mais moi, je me dis: où est ma place? Comment puis-je intervenir?»
S’avouant stupéfait par les légions de petits malmenés, le metteur en scène a rencontré des pédopsychiatres, beaucoup lu sur la «maltraitance» des enfants (il m’exhibe un gros cartable, rempli de coupures de presse)… et même sur le désert de Gobi! «J’ai besoin de prendre des assises dans le réel, d’apprendre des bases concrètes, pour pouvoir, après ça, inventer, explique-t-il. Pour accepter que tout ne soit pas vraisemblable, il faut que j’aie lu sur le vraisemblable.»
Pourtant, au-delà de cette question sociale, Pierre Bernard tend surtout à rejoindre «la blessure de l’enfant en chacun de nous, quelle qu’elle soit. On n’est pas obligé d’avoir été un enfant battu; il y a en nous un secret. C’est d’essayer de reconnaître ce qui nous rejoint là-dedans, notre faille à nous».
S’il devait retenir une phrase du Désir de Gobi, ce serait: «On est des Mongols et des délinquants» affirmé par les deux «enfants-problèmes» de la pièce. «C’est comme ça que je me sens, moi, dans la vie. On est des misfits. Le théâtre, pour moi, entre autres choses, c’est l’espace où l’on peut donner une place à ceux qui ne fittent pas.»
Ce qu’il a beaucoup fait pendant onze ans et demi. Sous la sensibilité aiguisée de son directeur, le Quat’Sous s’est souvent érigé en tribune de la détresse humaine. «Moi, j’aurais voulu être un Morlock dans la vie, admet Pierre Bernard. Ça m’aurait beaucoup intéressé d’être un psy quelque chose. J’avais pas la chimie et la physique pour le faire… Mais je trouve ça beau. Je suis sensible à ça. Je trouve qu’on écoute peu les gens.»
La légendaire noirceur de sa programmation, volontiers éclaircie d’humour, reflète bien la personnalité contradictoire de cet homme tourmenté, qui dit adorer «la légèreté, la niaiserie», et affirme que la fréquentation des ténèbres artistiques, c’est aussi «pour appeler la lumière».
Comme tout naturellement, l’entrevue se déroule à L’Aparté, un petit café en face de l’École nationale de théâtre, dont les murs, ornés de photos de productions, portent actuellement une partie de la mémoire des années de Pierre Bernard à la barre du théâtre. Une galerie de morceaux choisis devant laquelle le directeur sortant évoque bien sûr les moments de bonheur, les belles rencontres, «le privilège d’avoir pu parler par les mots d’autrui». Mais ce sont surtout ses doutes qui remontent à la surface.
Le syndrome de l’imposteur
Pierre Bernard quitte le navire au terme d’une excellente saison; il a laissé son empreinte sur ce qui est devenu l’un des théâtres les plus dynamiques en ville, un carrefour de révélations (mais… «on ne découvre personne, rétorque-t-il, les artistes s’aident par eux-mêmes: c’est leur talent. J’ai laissé la tribune à ceux dont l’écriture m’inspirait»), de coups d’audace et de coups de dés souvent heureux. Un autre que lui se retirerait probablement avec la satisfaction du devoir accompli. C’est mal connaître sa nature inquiète, perfectionniste, le syndrome d’imposteur qui le hante. «À chaque fois, quand le show a été plutôt bien reçu, quand les gens sont venus, j’ai fait: fiou! Je l’ai encore échappé belle. On ne s’est pas encore rendu compte de mon imposture.»
Il avouera même: «J’ai eu souvent le sentiment de ne pas faire du vrai et du grand théâtre. Pour certaines gens, ça a dû être du petit théâtre nord-américain facile.» Qu’est-ce donc que le vrai et grand théâtre? «Je ne sais pas.»
Il y eut, en tout cas, la sensation de creuser le même sillon théâtral, au détriment des autres. «J’ai eu l’impression, parfois, souvent, de nuire au théâtre. Parce que j’ai privilégié une parole directe, dans la plupart des cas, du théâtre nord-américain, avec une langue plus quotidienne. Et que, lorsqu’on tombe dans une langue plus soutenue, poétique, détournée, les gens font: "Ah c’est froid, esthétique, sans émotion". Le théâtre, c’est toutes sortes de choses! Je me suis souvent flagellé à cause de ça, peut-être à tort.»
Et s’il a décidé de tourner la page, c’est aussi parce qu’il croit que le Quat’Sous
«a besoin d’une autre parole. Il faut que surgisse un autre regard. Et moi, il faut que j’arrête de ne vivre que par le Quat’Sous. Que j’apprivoise quelque chose qui est autrement difficile: c’est quoi mon vrai rapport à la vie, aux gens? Aux amis que j’ai délaissés pendant longtemps et qui ont été infiniment patients? J’ai un fils de vingt ans. Il est peut-être temps que je le regarde un peu plus au quotidien.»
Bien sûr, on ne rompt pas du jour au lendemain avec un lieu qui est intimement lié à presque 14 ans de sa vie (incluant deux années, de 1984 à 1986, où il fut attaché de presse et directeur artistique adjoint). À la demande du c.a., l’ex-directeur continuera d’assumer la présidence de la compagnie pour l’année à venir. Sans trop s’engager dans les prochains mois (il a abandonné son rôle dans la reprise de Rêves, au printemps), histoire de faire convenablement son deuil.
«Ce théâtre-là, on ne le sortira pas de moi. C’est fait pour la vie. Le Quat’Sous, c’est une petite chose où tout est possible, quelque chose d’un peu faillible, d’un peu fragile, d’un peu désuet. Je l’ai avec moi, je le porte. Quoi qu’il advienne, je regarderai comment il évolue, c’est sûr. J’ai vécu dans cet endroit plus que n’importe où ailleurs. J’ai trouvé mon refuge au Quat’Sous. Même si le refuge était parfois périlleux. Il m’a protégé, m’a permis de vivre dans ma bulle. Ç’a a été une permission de vivre. Une cachette, aussi, peut-être.»
Mais pour l’instant, Pierre Bernard aspire surtout à un nécessaire recul. Au repos. «Les six mois de cette année sont de trop, admet-il. Je ne suis pas en burn out ou en dépression nerveuse, mais ce que j’ai pu faire, je l’ai fait. Je sens que je n’ai plus de ressort. Mais il faut que j’en aie pareil: il reste ça, ici, dit-il en désignant le texte du Désir. S’il fallait que je parte en m’en voulant le restant de ma vie…»
Ce contemplatif de nature, pour qui le poids des responsabilités (celle qu’il ressent envers les auteurs, notamment) était devenu trop lourd, lui qui éprouve un sentiment de gravité pour «la moindre petite chose dans la vie», évoque le souhait de «regarder les gens vivre, en essayant d’apprendre moi-même ce que ça veut dire, vivre. Puis, réapprivoiser le théâtre autrement. Aller m’asseoir dans une salle sans plus représenter quoi que ce soit d’autre qu’un spectateur. C’est tellement beau, le théâtre.»
Sinon cette sorte de traversée délibérée du désert, il n’a aucun projet concret. Simplement quelques vagues envies: peut-être «aider de jeunes créateurs, de jeunes compagnies sans le sou. Être un conseiller. Transmettre une espèce d’intuition…»
«Tout m’est toujours arrivé par accident, professionnellement. J’espère juste pouvoir me relever et continuer. Il y a sûrement autre chose dans la vie que le Théâtre de Quatre’Sous? On n’est pas qu’une seule chose?»
Dans l’immédiat, Pierre Bernard veut d’abord tenter de «mettre tranquillement le pied dans la vie». Essayer d’apprendre «que, peut-être, tout n’est pas aussi grave que je l’ai toujours perçu». Il rêve d’apaisement, d’une halte.
«Ça doit être reposant, le désert…»
Du 17 janvier au 26 février
Au Théâtre de Quat’Sous
Voir calendrier Théâtre
Wajidi Mouwad: Le successeur
Tandis que l’un fait sa sortie de piste, l’autre installe ses pénates. «Je m’amuse très sérieusement», constatait le tout nouveau directeur du Quat’Sous, après quelques jours en poste. Pendant les Fêtes, Wajdi Mouawad a lu toutes les pièces programmées par Pierre Bernard pendant son long mandat, ce qui lui a été d’une précieuse aide pour comprendre où lui-même voulait diriger le théâtre. «J’ai envie d’interroger le regard du monde sur l’Amérique du Nord, et inversement. J’ai envie qu’on réfléchisse ensemble sur le fait qu’il y a trois milliards de personnes qui donneraient leur chemise pour être à notre place. Le monde fantasme sur l’Amérique pour une question de vie ou de mort. Alors que l’Amérique fantasme sur le monde plutôt comme des touristes. Et comment arriver à créer des spectacles qui soient avant tout théâtraux, mais qui soulèvent chez le spectateur des questions sur ces thèmes-là?»
Le jeune directeur assure sentir qu’il a toute latitude. «Ce qui est bien au Quat’Sous, c’est qu’on n’a pas de mandat. On m’a dit: "On veut juste que tu donnes un sens à ce lieu, comme tu l’entends." Au fond, j’ai envie de m’engager totalement dans la question de ce que ça peut représenter aujourd’hui, diriger un lieu physique qu’on appelle le théâtre. Qu’est-ce qu’on a le droit de faire ou de ne pas faire? C’est quoi le rapport au spectateur? Au fond, ce qui me passionne, c’est de réfléchir là-dessus. Et non pas de me demander comment ça peut être plus performant. Je ne me demande jamais comment faire venir plus de gens au théâtre. Je pense que le spectateur a à faire un choix personnel. Notre travail, c’est de donner un sens terriblement cohérent à ce qu’on fait, d’être capables de défendre nos choix totalement, en nous appuyant sur un discours.»
Une liberté préconisée aussi par Bernard. Le directeur sortant dit avoir choisi un successeur qui soit capable de faire ce qu’il n’a jamais pu faire, par exemple les élans de révolte, ce qu’il nomme les «fuck you, ostie!», «pour lesquels moi j’étais trop timide, parce que ça appelle toujours un commentaire public après».
Difficile, dans ces conditions, de ne pas revenir sur la tempête soulevée par le mot plutôt baveux de Mouawad dans le programme de Don Quichotte, au TNM. D’autant plus que l’auteur s’est enfermé dans un certain mutisme, à l’époque. Pourquoi ce silence? «Parce que je ne voulais pas me défendre. Je trouvais que ç’a aurait été une trahison terrible à Willy Protagoras, à tous les textes que j’ai écrits. C’est quand même marrant: on m’a donné un prix pour Willy. Pourtant, ça dit exactement la même chose. Et je trouvais qu’il y avait beaucoup de bêtises qui se disaient – en plus des quelques-unes que j’ai pu écrire dans le texte. C’est devenu carrément clownesque, je me suis fait traiter d’intégriste… Donc, je me suis tu, en suivant un peu le conseil de Paul Buissonneau, qui m’a dit: "Laisse pisser"…»
La seule chose que l’auteur de Littoral regrette dans ce texte imagé à la manière Mouawad, c’est le malentendu autour du public du TNM, qu’il affirme n’avoir jamais voulu attaquer. «J’ai été confus, reconnaît-il. Les jurons n’étaient pas du tout adressés au public, mais à ceux qui participent au placement de ce genre de publicité sur la scène. Aux gens qui ont permis ça. Et à ceux qui pensent qu’il est normal que ça se fasse comme ça.»
Sinon, au-delà des gros mots, il constate qu’on ne lui a guère répondu sur le fond de la question, soit la présence du nom des commanditaires sur les planches. «Je ne suis pas du tout contre les commanditaires, précise le nouveau directeur du Quat’Sous. Au contraire, je trouve ça beau qu’une compagnie s’allie à un projet artistique. Mais pas à n’importe quel prix. D’ailleurs, Pierre n’a jamais mis de pancartes sur la scène, et ce n’est pas parce qu’on ne le lui a jamais proposé!»
L’explication, complexe, tient au rapport très exigeant que Wajdi Mouawad entretient avec l’art. «Essentiellement, ça part du principe que l’espace réservé à l’art est sacré pour moi. Il ne doit pas être perverti, surtout pas dans un pays comme le nôtre où l’on a la possibilité de faire autrement.»
Ce qu’il retient de tout ça? «En fait, je me suis rendu compte que nous vivons dans un pays où la vie est plus dangereuse que le théâtre. Je trouve ça dommage. Parce que j’aurais aimé qu’on m’engueule un peu à cause de Willy. Il y a des choses que j’ai faites sur scène qui méritaient davantage qu’on m’en parle que ça. D’un autre côté, à l’avenir, quand j’écrirai ce genre de texte, il faudra peut-être que je le fasse lire à quelqu’un avant de l’envoyer… Mais je ne le regrette absolument pas. Parce que c’est la nature même de ce que je suis, cette affaire-là. Ce texte me ressemble beaucoup.»