Critique : Les Caprices de Marianne
Les Caprices de Marianne, d’Alfred de Musset, nous transporte dans un univers de beauté pure, où se heurtent des sentiments déchirant doucement, sous nos yeux, les personnages pris entre silence et passion qui couve.
Jusqu’au 5 février
Au Grand Théâtre
Coelio, amoureux de Marianne, jeune femme inaccessible, demande à son ami Octave de la courtiser en son nom; se forme alors un étrange triangle amoureux. Les Caprices de Marianne, d’Alfred de Musset, nous transporte dans un univers de beauté pure, où se heurtent des sentiments déchirant doucement, sous nos yeux, les personnages pris entre silence et passion qui couve.
La mise en scène de Claude Poissant se fait tantôt légère, peignant par touches délicates les émotions, tantôt franchement bouffonne, mêlant habilement comédie et drame. Ainsi, les jeunes personnages apparaissent dans leur pureté et leurs angoisses au masque changeant: la douleur de Coelio, la joie désespérée d’Octave et la solitude orgueilleuse de Marianne. Entiers, intransigeants, ils bouleversent le spectateur, alors que les autres personnages font rire, Hermia mise à part, qui brûle pour son fils Coelio d’un amour aux apparences de passion, et que Lise Castonguay campe en soulignant sa fragilité.
La pièce, jouée dans un espace dépouillé, tire en partie sa force du jeu des comédiens, qui évoluent avec aisance dans cet univers presque immatériel. Hugues Frenette, incarnant un Octave très touchant, et Jean-Sébastien Ouellette, au jeu tout intérieur dans le rôle de Coelio, sont particulièrement convaincants dans la force de leur amitié. Nadine Meloche suggère finement le désarroi de Marianne, camouflé sous une apparente insensibilité; les autres comédiens excellent dans des scènes légères ou comiques, notamment Jacques Laroche dans le rôle de Tibia, et Érika Gagnon en mystérieuse meneuse de jeu.
La musique, pourtant très belle, semble parfois trop insistante, soulignant ce que suggère déjà efficacement le jeu. Les nombreux contrastes présents dans la pièce sont illustrés par la scénographie épurée (Raymond Marius Boucher), que les éclairages (Denis Guérette) transforment, et les costumes somptueux (Marie-Chantale Vaillancourt) – froissements d’étoffe et clairs-obscurs – sont à l’image du va-et-vient des sentiments, des secrets de l’âme et du coeur.
Comme un frémissement, un frisson qui passe, comme un songe, la pièce Les Caprices de Marianne, mise en scène par Claude Poissant, transporte, émeut. Son souffle est fragile, insaisissable et déchirant, à l’image de ses personnages, et de la vie elle-même.